Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog politique de Thomas JOLY

J-F Poisson : « Cette convention citoyenne sur la fin de vie est une mascarade ! »

3 Avril 2023, 06:14am

Publié par Thomas Joly

La Convention citoyenne sur la fin de vie a tranché, ce dimanche 2 avril, en faveur de la légalisation de l'euthanasie et du suicide assisté (à une majorité de 92 % des participants). L'ancien député Jean-Frédéric Poisson, qui publie un ouvrage sur le sujet, Soins palliatifs, la vraie alternative à l'euthanasie (Éditions Mame), est président de VIA la voie du peuple, mouvement allié de Reconquête. Il réagit à cette décision.

Sabine de Villeroché. Que pensez-vous de cet avis de la Convention citoyenne ?

Jean-Frédéric Poisson. Elle n’est en rien surprenante, pour au moins trois raisons. La première est qu'elle est conforme à ce que l’on croit être l’air du temps. La deuxième est que tout a été fait, dans la méthode de travail, pour y aboutir, y compris la manipulation, le déséquilibre dans la présentation des différents points de vue, et bien d’autres choses que des membres de la Convention ont d’ailleurs racontées. La troisième est que le président de la commission des lois de l’Assemblée nationale avait déjà annoncé dans un quotidien à l’automne qu’on irait vers la légalisation de l’euthanasie quelles que soient les conclusions de la Convention. Cette Convention est donc une mascarade, une injure à ceux que l’on a sollicités pour cette mauvaise pièce de théâtre et au peuple français qui mérite autre chose sur une question de cette importance.

S. d. V. L’euthanasie ou le suicide assisté légalisés ne sont-ils pas un progrès pour l’homme qui, en maîtrisant sa mort, peut a minima décider de ne pas souffrir ?

J.-F. P. Il y a aujourd’hui, dans l’arsenal médical, tous les moyens de ne pas souffrir. Les douleurs dites « réfractaires » sont devenues infiniment rares. Et l’on sait maintenant développer l’accompagnement dont les patients en fin de vie ont besoin pour que leurs souffrances morales soient allégées. Plutôt que de prétendre « maîtriser sa mort », il est préférable d’accompagner les patients pour qu’ils vivent pleinement leur fin de vie. Par ailleurs, je persiste à ne pas pouvoir considérer comme un progrès de faire entrer le droit de tuer dans le Code pénal français. Quelle qu’en soit la raison.

S. d. V. Partagez-vous le constat que faisait (déjà) en 2013 le professeur Jean-Claude Martinez dans son ouvrage Euthanasie. Stade suprême du capitalisme : abréger la fin de vie, c’est aussi faire des économies de santé publique

J.-F. P. Je partage pleinement cet avis, même si, pour notre malheur, le transhumanisme est en train de nous démontrer qu’il y a possiblement des étapes au-delà de l’euthanasie. On voit, dans les premiers textes qui circulent sur le suicide assisté, une mention indiquant que les personnes qui mourraient de cette manière seront considérées comme décédées de mort naturelle. Drôle d’idée, sauf à considérer qu’il faudrait rassurer les familles des futurs défunts sur le maintien des primes d’assurance-vie qui leur sont promises… Le sordide est une force centripète. Il y a encore quelques années, la gratuité était la marque de la relation de l’homme avec la vie – c’est du moins ce qu’en disait le droit. Tout a été faussé désormais, et de façon ignoble, le coût d’un patient est utilisé comme un argument en faveur de l’euthanasie active. Le simple fait d’entendre cet argument n’est pas bon signe pour la santé morale de notre pays.

S. d. V. Pensez-vous que la légalisation de l’euthanasie est inéluctable ? Avez-vous une idée du nombre de parlementaires susceptibles de s’opposer à un tel projet de loi ?

J.-F. P. Rien est inéluctable, mais malheureusement, l’issue d’un projet de loi sur l’euthanasie est assez prévisible. La dernière fois que l’Assemblée nationale a eu à se prononcer sur un texte pareil, elle a adopté l’article premier d’une proposition de loi d’origine macroniste légalisant le suicide assisté, à une large majorité. En 2016, au moment du débat sur la loi Claeys-Leonetti, il y avait encore, à droite comme à gauche, suffisamment de personnes pour s’opposer à la légalisation de l’euthanasie. Deux renouvellements de l’Assemblée nationale plus tard, ces opposants (dont j’étais) ont quasiment disparu. C’est d’autant plus dommageable que personne n’a parlé aux Français des bienfaits des soins palliatifs et de la manière dont, en étant développés, promus, et pratiqués autant que de besoin, leur généralisation rendrait inutile la légalisation de l’euthanasie. C’est la tromperie fondamentale : l’euthanasie n’est pas nécessaire dès lors que les soins palliatifs occupent dans notre système de soins la place que depuis 1999 le droit leur donne. Il n’est pas trop tard pour respecter la loi qui existe.

Source : http://bvoltaire.fr

Commenter cet article