Immigration : les chiffres « immondes » de l’extrême droite
C’est une constance à gauche, surtout dans sa forme la plus radicale, que de détester avoir des nouvelles du réel, sachant que ces dernières, généralement mauvaises, ne confirment que rarement leur vision iréniste du monde. Ainsi, Le Figaro de ce 18 novembre vient-il de publier une étude concernant « ces villes de province où la part d’immigrés augmente le plus ». Aussitôt, les réactions tombent comme à Gravelotte, avec un maître mot : « immonde ».
Bastien Lachaud (LFI) : « Immonde. Le Figaro fait la liste des villes ayant la plus forte part d’habitants nés à l’étranger. Le sous-texte xénophobe et raciste est évident. Dommage qu’on ne puisse pas compter la part des crapules d’extrême droite dans une rédaction, elle doit être élevée au Figaro. »
Thomas Portes (LFI, lui aussi) : « Immonde. C’est quoi, la prochaine étape ? Par couleur de peau ? Par religion ? À vomir. » Sans oublier Soraya Morvan-Smith (journaliste à France 24) qui tweete à son tour : « C’est immonde. »
L’irremplaçable Sandrine Rousseau, qui ne possède peut-être pas un dictionnaire des synonymes, et n’en trouvant pas à celui d’« immonde », se contente de cet autre tweet : « Tranquillement, ce week-end, Le Figaro a sorti un classement des villes françaises en fonction du nombre d’immigrés qui y habitaient. À quel moment se réveille-t-on sur la banalisation de l’extrême droite ? »
Mais si ces vigies des élégances humanitaires s’étaient simplement donné la peine d’aller lire l’article incriminé, ils se serait peut-être rendu compte que les informations du Figaro venaient d’organismes des plus officiels et qu’on ne saurait taxer d’officines factieuses, telles l’INSEE ou l’Agence nationale de l’observation de la cohésion des territoires. Mais probablement « immondes » sont-elles.
Et que nous dit cette étude mesurant la proportion d’immigrés en France, comptes clos en 2018 ? Rien de plus que ce que tant de Français peuvent observer à l’œil nu, en ville comme en province. D’où ce premier constat : « En région parisienne, les immigrés représentent une personne sur cinq (19,8 % en 2018) et ce pourcentage est en hausse (+2,5 % sur dix ans). En province, dans les villes de plus de 5.000 habitants, cette progression est moins rapide (+1,09 %) et donc plus discrète. »
Au fait, qui peut commenter ces choses « immondes », si ce n’est le tout aussi « immonde » Gérard-François Dumont ? Soit un géographe et démographe enseignant à l’« immonde » Sorbonne. Et cet universitaire de confirmer (dans Le Figaro) ce que même les aveugles voient : « À partir du moment où des membres d’une communauté s’installent quelque part, ils jouent le rôle de guichet d’accueil pour d’autres personnes de la même origine. » Et le même de pointer les responsabilités de certains maires : « Rennes, Nantes, des zones où il y avait traditionnellement peu d’immigration, sont désormais au-dessus de la moyenne nationale. […] La politique de certaines collectivités locales a pu créer par endroits un appel d’air. »
La preuve par Didier Leschi, auteur de Ce grand dérangement : L’immigration en face, essai publié par la plus « immonde » encore maison Gallimard : « Favoriser le maintien sur le territoire de personnes qui ne peuvent bénéficier de l’asile ou qui sont arrivées par des voies illégales obère, aux yeux de beaucoup de nos concitoyens, l’appréciation qu’ils ont de l’immigration. » Et dans le registre immonde : « Parfois, le terme de "migrants" devient un mot-valise. […] Il peut générer des élans d’hospitalité à mauvais escient, aux dépens de ceux qui sont en situation régulière, qui facilitent les effets de concentration aux dépens de la civilité collective et de l’ordre public. Il est de notre responsabilité de l’éviter. »« Immonde », là encore ? Peut-être rien que du bon sens.
Nicolas Gauthier
Source : http://bvoltaire.fr
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