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Le blog politique de Thomas JOLY

Dans la Manche ou la Méditerranée, le triomphe des passeurs de migrants

16 Novembre 2022, 18:59pm

Publié par Thomas Joly

Ce 14 novembre, au petit matin, Gérald Darmanin et Suella Braverman, son homologue britannique, signent à Paris un accord de « coopération » contre l’immigration clandestine en vue « de démanteler les groupes criminels ». Mais la fermeté affichée par le ministre de l’Intérieur n’est que façade. Au même moment, la France ouvre ses portes à l’, navire de SOS Méditerranée qui transportait 234 migrants. Loin de lutter contre les réseaux clandestins, la France, en se soumettant aux injonctions des associations pro-migrants, alimente le trafic des passeurs.

Complicité avec les passeurs

Sur Twitter, la mise en scène est parfaite. Gérald Darmanin accueille son homologue britannique Place Beauvau et, ensemble, les deux ministres signent l’accord Sandhurst. Côté français, l’exécutif promet d’augmenter de 40 % les effectifs des forces de l’ordre à la frontière et de développer l’arsenal de surveillance. Côté britannique, le gouvernement accepte de verser 72,2 millions d’euros à la France « pour soutenir la réalisation de ces travaux ». Main dans la main, la France et le Royaume-Uni s’engagent ainsi à lutter contre l’immigration clandestine dans la Manche et à anéantir les réseaux de passeurs de migrants.

Mais loin des réseaux sociaux, la réalité est bien différente et le volontarisme disparaît. De la Manche à la Méditerranée, les passeurs de migrants peuvent compter sur le soutien indirect des autorités européennes. Le 11 novembre dernier, la France ouvrait le port de Toulon aux 234 migrants de l’Ocean Viking. Cet accueil, loin d’être anodin, ne peut qu'alimenter en début de chaîne le commerce mafieux des passeurs de migrants. En effet, comme l’explique Malika Soler-Sutter, ancienne membre du Haut Conseil de l’intégration, dans les pages du Figaro« accueillir, c'est, dans les faits, encourager d'autres candidats à se lancer à leur tour dans un voyage dans des embarcations de fortune ». Tel un cercle vicieux, les passeurs, avec la complicité plus ou moins volontaire des ONG présentes en Méditerranée, peuvent dès maintenant accélérer les départs, avec l’assurance que les États européens céderont toujours et finiront par accepter ces migrants.

Grâce à la faiblesse de gouvernements comme celui de la France, les passeurs de migrants – qui n’hésitent pas à exploiter, voire violenter les clandestins - connaissent une période faste. L’année 2022 restera pour eux l’année de tous les records. En Méditerranée centrale, 65.572 passages clandestins ont été enregistrés, entre janvier et septembre 2022, soit 42 % de plus que l’an passé. Dans la Manche, près de 41.000 traversées irrégulières ont déjà été comptabilisées depuis le début de l’année, contre 28.526 en 2021. Cette augmentation du trafic migratoire clandestin profite largement aux passeurs. À raison de 2.500 euros, en moyenne, par traversée – et jusqu’à 10.000 euros dans certains cas -, ces réseaux criminels s’enrichissent largement. Le trafic de migrants, derrière le marché de la drogue et des armes, générerait ainsi près de 35 milliards de dollars par an, selon l’Office international pour les migrations.

Tous les migrants resteront en France

Ce triomphe des passeurs de migrants se réalise aux dépens de la France. En plus des 70 migrants – minimum – qui resteront sur notre territoire pour l’étude de leur dossier, l’accueil de l’ crée un précédent dramatique et un appel d’air migratoire. La France, qui apparaissait déjà comme un eldorado du fait de son système social très avantageux, devient une terre facile d’accès pour tous les migrants. D’autre part, afin de lutter contre les réseaux de passeurs dans la Manche, l’accord signé ce 14 novembre prévoit de placer « les migrants entrant en France par la route migratoire méditerranéenne » dans « des centres d'accueil dans le sud de la France, afin de les dissuader de se rendre sur le littoral de la Manche ». Autrement dit, la France gardera les migrants sur son sol. Dès lors, comme le craignait Gérard Collomb, dans son récent entretien accordé au Point, « tous les migrants resteront sur le sol français ».

Plutôt que de céder et d’accueillir les migrants clandestins, la France devrait à l’avenir s’inspirer de la politique australienne qui consiste à renvoyer les navires des ONG à leur point de départ. Sinon, la submersion migratoire continuera, alimentée par des passeurs avides et peu regardants du droit international.

Clémence de Longraye

Source : http://bvoltaire.fr

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