Samuel Paty : le double abandon
Deux ans. Cela fait deux ans que le professeur d’Histoire-Géographie, enseignant à Conflans Sainte-Honorine, est mort égorgé et décapité par un terroriste tchétchène. Le crime de ce professeur ? Avoir voulu débattre sur la laïcité avec ses élèves autour de caricatures du journal Charlie Hebdo. Jeté en pâture sur les réseaux sociaux, victime d’appels à la haine, lâché par sa hiérarchie et une grande partie de ses collègues, Samuel Paty est mort, abandonné.
Deux ans plus tard, alors que nous commémorerons son assassinat ce samedi, on peut raisonnablement se demander si sa mort tragique a été suivie d’effets, comme le souhaitait la patronne du Nouvel Obs Anne Rosencher, « J’ai cru, comme beaucoup, qu’un tel électrochoc allait faire reculer les intimidations islamistes, qui veulent imposer leurs normes et faire taire les professeurs. Hélas. » Hélas Samuel Paty est mort deux fois. Par le couteau d’un fou d’Allah et par l’inaction silencieuse des pouvoirs publics. Le ministre Pape Ndiaye a rendu publiques les attaques recensées et les « incidents » relatés dans les différents établissements. Les chiffres sont éloquents : 1859 signalements enregistrés depuis le 1er janvier dont 313 rien qu’au mois de septembre. Dont 54% relatifs aux « ports de signes et tenues ».
Il y a deux ans, un professeur a été décapité. J’ai cru, comme beaucoup, qu’un tel électrochoc allait faire reculer les intimidations islamistes, qui veulent imposer leurs normes et faire taire les professeurs. Hélas.
— Anne Rosencher (@ARosencher) October 13, 2022
Samuel Paty serait-il moins seul aujourd’hui?
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Cela va de la menace au port d’une tenue islamiste, de propos polémiques à promesses de mort. Ainsi, ce lundi, le lycée Georges-Brassens d'Evry-Courcouronnes, dans l'Essonne, a-t-il reçu un courrier adressé au proviseur mais visant un professeur d'histoire. Selon les informations de CNews, l'auteur a menacé de « lui faire une Samuel Paty », ajoutant : « les juifs on n'en veut pas dans des lycées ».
Et les incidents sont nombreux. On se souvient du professeur d’Histoire enseignant à Trappes, Didier Lemaire, qui disait avoir subi des menaces analogues en tirant la sonnette d’alarme sur l’état de la ville de Trappes, vitrine du communautarisme.
Une Éducation nationale en perdition
Il faut reconnaître que le Ministre Pap Ndiaye, s’il s’inscrit dans cette école de pensée gauchiste et woke, ne porte pas sur ses épaules cinquante ans de déconstruction de l’enseignement et la destruction méthodique de l’assimilation. D’ailleurs, il a publié sur son compte Twitter, une courte vidéo montrant tout l'hémicycle debout et applaudissant le professeur d'histoire. « Nous nous apprêtons à rendre hommage à Samuel Paty à l'occasion du deuxième anniversaire de son ignoble assassinat par un terroriste islamiste. Et j'ai une pensée émue pour lui, mon collègue, professeur d'histoire », a-t-il déclaré au micro de l'Assemblée nationale. Cela, c’était quelques heures après avoir été traité de communautariste par le député RN Frédéric Bocaletti qui a d’ailleurs écopé d’une sanction.
Pour Samuel Paty, merci. pic.twitter.com/Di2GbEDlUj
— Pap Ndiaye (@PapNdiaye) October 11, 2022
Hélas, si Pap Ndiaye se paye de mots, force est de constater qu’il ne règle pas les maux. Après avoir fait de l’éducation sexuelle à l’école une priorité de son mandat, on ne l’a entendu à aucun moment s’alarmer de ces tensions communautaires qui empoisonnent l’Éducation, dont les évènements en cours au Lycée Joliot-Curie de Nanterre est un symptôme visible. « Il y a objectivement une montée en puissance de signalements pour port de tenues et d'accessoires religieux, que l'on observe depuis un an, avec peut être une accélération entre-temps. Et donc c'est évidemment sur cette question que nous travaillons », a reconnu du bout des lèvres le successeur de Jean-Michel Blanquer. Pour l’instant, on n’en saura pas plus. Ce samedi, et à l’instigation du parti Reconquête, une manifestation contre l’islamisme à l’école est organisée Square Samuel Paty. Comme un symbole.
A l’instar de Charlie Hebdo lâché par une partie de la gauche et combattu par l’autre, Samuel Paty est réduit au silence, et il n’y a plus qu’une poignée de politiques pour s’en offusquer. Ils se taisent et les pierres se sont déjà cassé la voix. En vain.
Marc Eynaud
Source : http://bvoltaire.fr
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