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Le blog politique de Thomas JOLY

Nantes : de la tranquillité bourgeoise au coupe-gorge

29 Septembre 2022, 06:48am

Publié par Thomas Joly

Le fait divers sordide a fait le tour des rédactions et a outré l’opinion. Une femme violée à plusieurs reprises par trois clandestins soudanais en plein centre-ville.

Une agression qui illustre, de la plus cruelle des manières, le baromètre international de l’insécurité urbaine : Nantes pointe à la 407e place derrière La Havane, Téhéran et Bogota. Si le classement de Numbeo a été attaqué par nos spécialistes du fact-checking, il ne fait qu’appuyer une réalité que vivent au quotidien les Nantais. Autre indice : le site ville-ideale, qui recense les notes émises par les habitants des différentes villes. Avec une note de 2,25/10 en matière de sécurité, on peut se faire une idée assez précise du ressenti tout en parcourant les 34 pages de commentaires laissés par des internautes unanimes. En matière d’insécurité, Nantes est deuxième derrière Sarcelles mais devant Grenoble. Cocorico !

Depuis quand ?

« Il y a deux facteurs qui expliquent à mon sens l’explosion de l’insécurité : la crise des migrants en 2015 et l’élection de la maire (sic) actuelle en 2014 », analyse Brian Pecqueur, dont la famille habite les quartiers populaires de la ville depuis des décennies. Pour le candidat RN de la 1re circonscription de Loire-Atlantique (englobant les deux tiers de l’agglomération nantaise), il ne faut pas aller chercher bien loin les cause de cet ensauvagement. Nantes ville à gauche. Nantes dans l’escarcelle du PS depuis 1989 avec le mandat de Jean-Marc Ayrault, l’ancien Premier ministre de François Hollande, mandat qu’il laissera définitivement à sa première adjointe Johanna Roland. Pour le plus grand malheur des habitants tout aussi désarmés que leur police municipale.

« C’était assez tranquille jusqu’en 2015 », témoigne Maxime, qui a quitté la ville en 2021, « en grande partie en raison de l’insécurité ». Ce commentaire est ce qui se dégage le plus des différents sondages que l’on peut faire auprès des Nantais. Parmi les dizaines de retours d’expérience que nous avons sollicités, il apparaît que la situation à Nantes s’est sérieusement dégradée depuis 2015, année qui a vu débuter la fameuse « crise des migrants ».

« Nantes, comme toutes les villes, a son lot de quartiers chauds. On peut citer ceux de Malakoff et Bellevue, mais force est de constater que ces quartiers ont débordé dans toute la ville », témoigne Cécile Scheffen. Celle qui fut candidate pour Reconquête dans la 2e circonscription de Loire-Atlantique avait beaucoup fait parler d’elle sur les réseaux sociaux en filmant les agressions de l’extrême gauche elle-même source de nombreux désordres avec la proximité de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.

L’autre facteur, c’est évidemment la crise de 2015 qui a vu débarquer, en un court laps de temps, des milliers de clandestins issus principalement du continent africain. Faux Syriens mais vrais immigrés illégaux, ils ont fortement et comme partout rendu inopérantes les infrastructures d’accueil, au point que de nombreux camps illégaux ont poussé dans l’agglomération nantaise avec son lot d’insécurité. « Je ne me rends pas bien compte, on a le droit de faire un lien entre insécurité et immigration ? » demande Bryan Pecqueur, qui connaît la réponse… Il suffit de parcourir les pages des faits divers ou parler de « choc culturel », comme le secrétaire national SGP Police Jean-Christophe Couvy. « On a un grave problème avec les étrangers et clandestins qui transforment le centre-ville de Nantes en supermarché à victimes », affirme, pour sa part, le policier Matthieu Valet sur CNews.

Impuissance politique, impunité sociologique

« Cauchemar absolu au cœur de Nantes ! Un drame qui, malheureusement, se banalise. Peut-on encore se sentir en sécurité à Nantes lorsque l’on est une femme ? », commente, sur Twitter, Christelle Morançais, présidente de la région Pays de la Loire. Pas seulement lorsqu’on est une femme, serait-on tenté de rétorquer. Comme sur le reste du territoire national, « il y eu une forte baisse de la délinquance en 2020 et 2021 du fait de la crise Covid », expliquait, ce lundi, sur RMC, le préfet de Loire-Atlantique Didier Martin. Mais « on voit bien qu'après deux années un peu particulières, on a actuellement des niveaux de délinquance que l'on retrouvait avant 2019, avec de nouveau davantage de violences dans l'espace public ». En résumé, le Covid aura été une parenthèse bienheureuse. Maintenant, retour au monde d’avant mais en pire, pour reprendre les mots du préfet. La métropole de Nantes a toutefois annoncé, le 2 septembre, l’arrivée de 62 policiers nationaux supplémentaires.

Du côté de la municipalité, on nage à brasse coulée. Absence de vidéosurveillance, police municipale en sous-effectif et désarmée… Si la ville a annoncé le recrutement de 25 policiers municipaux supplémentaires et la création d’un Conseil intercommunal de sécurité et de prévention de la délinquance (CISPD), il n’y a pas eu de mieux, et loin s’en faut. À titre d’exemple, la police municipale de Nantes aurait réalisé 25.000 interventions par an. À titre symbolique, l’adjoint en charge de la sécurité et de la prévention de la délinquance pointe à la septième position au conseil municipal. Le premier adjoint est quant à lui en charge du « dialogue citoyen ». Visiblement à sens unique. En tout cas, la maire de Nantes est aux abonnés absents et préfère envoyer ses adjoints, elle n’a, à l’heure d’aujourd’hui, pas encore communiqué sur le sujet.

Sociologie électorale

La cité des ducs de Bretagne est notamment connue pour l’activisme de l’ultra-gauche. Le groupe Nantes révoltée, fort d’une grande visibilité, en est l’un des symptômes. Peu difficile à expliquer dans une ville qui a porté Jean-Luc Mélenchon en tête au premier tour de l’élection présidentielle. Aux élections législatives, le nord est resté macroniste avec l’élection de Mounir Belhamiti (ancien suppléant de François de Rugy, le cadre écologiste devenu ministre éphémère d’Emmanuel Macron) quand la deuxième circonscription a envoyé à l’Assemblée le député insoumis et militant LGBT Andy Kerbrat.

« Je savais en me présentant que ma candidature aurait surtout une valeur de témoignage », confie Pecqueur, sans illusion, « mais je tenais, après les 42 % de Marine Le Pen au second tour, que les gens qui nous soutiennent puissent glisser un bulletin RN dans l’urne ». De fait, avec un peu plus de 6 % dans sa circonscription et 4,99 % dans la seconde circonscription, le RN a encore du chemin à faire. « Le plus notable à Nantes en matière politique reste l’atomisation de la droite LR qui a quasiment disparu du paysage politique », affirme-t-il. Effectivement, avec 12,56 % et 9,35 %, aucun candidat LR n’a réussi à atteindre le second tour. Une ville ou règne sans partage la gauche, donc, puisque l’immense majorité des élus macronistes sont eux aussi issus du PS ou des anciens EELV ralliés à Macron.

Marc Eynaud

Source : http://bvoltaire.fr

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