Le Pr Perronne face à ses pairs du conseil de l’Ordre des médecins
Le 13 septembre à 9 heures, le Pr Christian Perronne était convoqué devant la chambre disciplinaire de l’Ordre des médecins. Pourquoi ce spécialiste des pathologies tropicales et des maladies infectieuses émergentes, ancien chef de service des maladies infectieuses de l’hôpital Raymond-Poincaré de Garches (jusqu’en 2020, date à laquelle Martin Hirsch lui fait retirer sa chefferie, premier train de sanctions), ce chercheur mondialement reconnu dans la recherche des traitements de la maladie de Lyme, cet ancien conseiller de l’OMS pour les politiques vaccinales, cet ancien président de la Commission des maladies transmissibles du Haut Conseil de la santé publique, était-il sommé de se présenter devant un jury disciplinaire du conseil de l’Ordre ? Pour un homme qui a connu charges, honneurs et responsabilités, à la réputation établie de droiture et d’intégrité, c’est plutôt inhabituel.
Selon Le Figaro, qui a révélé l'initiative du conseil de l'Ordre, « cette instruction fait suite à ses propos tenus dans les médias dans le cadre de la promotion de son livre réquisitoire sur la gestion de la crise du Covid-19 (Y a-t-il une erreur qu'ILS n'ont pas commise ? Albin Michel). Le médecin a notamment affirmé sur BFM TV que l'hydroxychloroquine aurait permis d'éviter 25.000 décès si elle avait été prescrite plus massivement en France. Il a aussi accusé des médecins du CHU de Nantes d'avoir "laissé crever son beau-frère" en refusant de lui prescrire le traitement recommandé par le Pr Didier Raoult. »
Pour le professeur Perronne, c’est la liberté de prescrire qu’il entendait défendre contre ce qu’il estimait être l’établissement d’une médecine d’État, d’une vérité scientifique officielle et indiscutable : affrontement de deux visions de la médecine.
Mais c’est plus qu’une querelle de mandarins. Le professeur Perronne a en effet évoqué à de nombreuses reprises les liens entre le monde médical – soignants et chercheurs – et l’industrie pharmaceutique, ce qui pourrait peser sur les options de soins et, plus largement, sur les politiques publiques en matière sanitaire.
À la sortie de l’audience, son avocat a expliqué devant des dizaines de manifestants venus soutenir son client sa ligne de défense : « Les débats ont duré trois heures [...] mais il a été démontré, je pense, que le Pr Perronne, dans le cadre de toutes ses interventions médiatiques, n’a fait qu’user de son droit fondamental à la liberté d’expression. [...] Si le Pr Perronne devait être sanctionné, cela voudrait dire que dans notre pays, tout le monde, un simple citoyen, un simple syndicaliste, peut critiquer la politique du gouvernement sauf les médecins dès lors que la politique du gouvernement concerne une crise de santé publique. Cela serait gravissime [...]. » Le professeur Perronne, quant à lui, rapporte une discussion calme et sereine avec les membres du jury, expliquant que « la déontologie médicale, c’est être au service des malades », ce qu’il revendique avoir fait durant toute sa carrière.
On notera que la branche FO du Syndicat national des médecins hospitaliers a publié un communiqué de soutien. « Le Pr Perronne conserve le soutien de tous ceux qui restent attachés aux valeurs humanistes de la médecine et qui agissent dans ce sens de mille manières, malgré des temps troublés », est-il écrit dans ce communiqué voté à l’unanimité. Contacté par le servie CheckNews de Libération, le secrétaire général du SNMH-FO enfonce le clou : « Face à la caporalisation de la médecine par l’État, telle que nous avons pu l’observer lors de la dernière crise, notre rôle, en tant que syndicat, est de défendre l’indépendance des praticiens hospitaliers », avance Cyril Venet.
Le verdict est attendu dans le courant du mois d’octobre.
Marie d'Armagnac
Source : http://bvoltaire.fr
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