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Le blog politique de Thomas JOLY

En Algérie, ces morts qui perçoivent encore leur retraite financée par les Français

30 Septembre 2022, 06:27am

Publié par Thomas Joly

« Souriez, c’est vous qui payez ! » Ce lundi 26 septembre, sur le plateau de « Face à l’info » (CNews), Dimitri Pavlenko s’attaque au sujet de la fraude sociale, et notamment la fraude aux pensions de retraite versées en Algérie. Reprenant des chiffres de l’Agirc-Arrco, le journaliste affirme que sur un échantillon de 1.000 allocataires français résidant en Algérie, 179 sont fiabilisés, 130 sont décédés et 691 n’ont pas été retrouvés. En résumé, il n’y a donc que « 18 % [de ces pensionnaires] qui méritent leur retraite ». La très grande majorité – c’est-à-dire les familles des allocataires morts ou disparus - profitent largement de la générosité du système français en continuant de percevoir des aides qui ne leur sont pas dues.

Au moins 40 % de fraude en Algérie

Ces chiffres, déjà instructifs, sont loin d’être les plus édifiants. Si Agirc-Arrco assure, devant la commission d’enquête parlementaire sur la lutte contre les fraudes aux prestations sociales, que le taux de fraude n’est que de 1,5 %, Excellcium, une société privée d’expertise, dénonce de son côté « une fraude massive » chez les retraités de plus de 85 ans résidant en Algérie. Mandatés par la complémentaire retraite, ces experts analysent les dossiers de 1.000 allocataires français résidant en Algérie, âgés de 85 ans et plus. Leurs conclusions sont sans appel : « Nous n’en avons retrouvé que 50 %. Sur ces 50 %, nous avons ressorti de l’administration algérienne 26 % d’actes de décès. Pour les 24 % restants, ce sont des supputations de décès […] ; ce qui laisse un nombre de personnes vivantes relativement faible. » Loin des 1,5 %, il y aurait selon eux au moins 40 % de fraudes aux pensions versées aux plus de 85 ans résidant en Algérie. Pour Pascal Brindeau (UDI), rapporteur de la commission d’enquête joint par Boulevard Voltaire, « les chiffres avancés par Excellcium sont complètement fiables ». D’autre part, n’en déplaise au service CheckNews de Libération qui affirme que « 115 décès sur les 130 identifiés par le prestataire n’ont pas été qualifiés de fraude », les experts d’Excellcium assurent que ces données sont loin d’être crédibles. « Étonnamment, sur 90 % des certificats de décès que nous avons ressortis, la date de décès indiquée était dans les deux ou trois mois précédant notre demande », expliquent les membres de la société privée devant les parlementaires. Or, « pour nos commanditaires, on ne peut estimer qu’il y a fraude que si la personne est décédée depuis plus de six mois », complètent-ils. Soumises à la pression des enquêteurs, les autorités algériennes auraient délivré de faux certificats de décès en veillant à ne pas dépasser le délai des six mois au-delà duquel la fraude est caractérisée et comptabilisée par l’Agirc-Arrco.

Une fraude institutionnalisée

« La même étude a été menée auprès d’allocataires résidant au Portugal et la fraude y est insignifiante. L’Algérie est le pays qui pose le plus de problème en matière de fraude aux pensions de retraite », affirme Pascal Brindeau. Et de poursuivre : « Cela est lié à l’histoire entre la France et l’Algérie. Beaucoup considèrent que l’argent qu’ils détournent leur est dû. »

Certains, en Algérie, n’hésitent pas à profiter des failles du système français. Le versement de la pension de retraite n’est pas conditionné à une présence sur le territoire national mais à la délivrance d’un certificat de vie. La dissimulation du décès d’un allocataire français pour continuer à percevoir sa pension est monnaie courante au bled. « C’est même une fraude institutionnalisée », souligne Pascal Brindeau. Le rapporteur de la commission d’enquête pointe du doigt la complicité de certaines municipalités qui acceptent – gracieusement ou non – de délivrer de faux certificats d’existence. Pour Pascal Brindeau, la solution pour sortir de cette fraude est d’imposer aux allocataires une visite annuelle pour attester de son existence. À quand une politique qui se donne les moyens de lutter contre la fraude sociale ?

Clémence de Longraye

Source : http://bvoltaire.fr

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