Emmanuel Macron en difficulté : d’un coup, la République est en danger !
« La République, c’est moi », s'exclamait Jean-Luc Mélenchon, en 2018. « Eh bien, non, la République, c’est moi », lui répond aujourd’hui son frère siamois Emmanuel Macron. Il ne le dit pas comme ça, mais c’est tout comme : « Dimanche, aucune voix ne doit manquer à la République », a-t-il déclaré, mardi 14 juin. La République en quoi ? En marche ? Non, la République tout court. Carrément. Emmanuel Macron n’est pas président de la République, il est LA République.
Et Emmanuel Macron n’a pas lancé ça n’importe comment, n’importe où, n’importe quand. Très solennellement, avant de s’envoler pour la Roumanie, derrière un pupitre blanc, très institutionnel, avec en arrière-plan l’avion présidentiel, frappé aux couleurs nationales. Juste avant d’aller rendre visite à nos soldats déployés en Roumanie dans le cadre de l’OTAN. La dramaturgie est parfaite. Du régalien en veux-tu en voilà. Ce qui ne manque pas de sel, lui qui participe activement à la liquidation de notre souveraineté à la grande braderie bruxelloise. Mais à quoi servirait le pouvoir si on ne pouvait en abuser ? Notamment le pouvoir de l’image et du mélange des genres : mélanger une campagne électorale avec une visite à nos soldats. Et Macron y va plein pot. Rien de tel, donc, que de jouer et rejouer le coup du parti de l’ordre. « L’intérêt supérieur de la nation » : ça plaît toujours à un certain électorat qui a passé l'âge de monter aux barricades. « L’obéissance » ! Si, si. Le mot n'est pas de Macron mais d’Amélie de Montchalin qui, aux abois puisqu'en ballottage défavorable dans l'Essonne, a lâché ce mot, sans peut-être y prendre garde, sur CNews, lundi. « Soyez obéissants, votez pour les candidats du Président ! » C’est en gros ce que déclarait cette jeune femme bien sage qui découvre d’un coup que les élections ne se présentent pas toujours comme celles d’un certain mois de juin 2017…
Le parti de l’ordre, donc. Un truc aussi vieux que les candidats officiels sous le Second Empire. Ainsi, Emmanuel Macron a « besoin d’une majorité solide pour assurer l’ordre à l’extérieur comme à l’intérieur de nos frontières… Rien ne serait pire que d’ajouter un désordre français au désordre mondial. » La France a été la risée du monde lors de la finale de la Ligue des champions, le 28 mai dernier ; à la moindre manifestation, les Black Blocs font la loi dans la rue ; on a été obligé, en 2018, d’inventer un dispositif policier de « reconquête républicaine » des quartiers (au fait, on en est où, de cette reconquête-là ?) ; la délinquance explose (le nombre de victimes de coups et blessures volontaires est passé de 225.500, en 2016, à 306.700, en 2021. Les Échos, 27 janvier 2022) ; quant au front de l’immigration, n’en parlons pas… Mais à part ça, la France est un modèle du genre en matière d’ordre intérieur…
Emmanuel Macron a « besoin d’une majorité solide… » Pas tellement pour assurer la stabilité des institutions, comme lui et ses acolytes essayent de le faire croire, mais parce qu’ils ne savent pas faire autrement. On pensera ce qu’on voudra d’un Michel Rocard, mais ce dernier, qui fut Premier ministre de 1988 à 1991, fut capable de gouverner avec une majorité relative. Parce qu’il avait la culture du compromis et du débat. Parce qu’il avait tout simplement une culture parlementaire. Or, avant tout, un Parlement est fait pour parlementer ! Toutes choses qui ne sont pas « dans l’ADN » de la Macronie qui ne peut survivre qu’en situation monopolistique. Alors, on ne sera pas étonné, comme nous l’apprend Le Point, qu’Emmanuel Macron ait reçu, lundi, très discrètement, Gérard Larcher, président du Sénat. S’il n’obtient pas cette « majorité solide » (et souple à la fois ?), il lui restera à se tourner vers les LR. Il s’en trouvera bien pour soutenir sa politique avec, à la clé, probablement, des promesses de maroquin à plus ou moins brève échéance.
Georges Michel
Source : http://bvoltaire.fr
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