Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog politique de Thomas JOLY

Avec Édouard Philippe en embuscade, quelle majorité présidentielle pour Emmanuel Macron ?

4 Mai 2022, 11:33am

Publié par Thomas Joly

Dieu que la victoire serait douce, s’il n’y avait ces lendemains qui déchantent. Emmanuel Macron a certes été brillamment réélu ; mais par défaut aussi, n’étant pas sans ignorer que le front anti-Le Pen en dissimulait un autre, anti-Macron, celui-là. Ce qui explique aussi que devant la fragilité de ce second mandat, les appétits n’en finissent plus de s’aiguiser, dans son propre camp, surtout.

Au premier rang des gourmands ? Édouard Philippe, son ancien Premier ministre, dont le même Macron aurait assuré, à en croire Europe 1 : « Aucune circonscription pour Horizons [Le micro-parti du maire du Havre, NDLR], ce sont des cons ! » Apocryphe ou non, cette situation en dit long sur les affres de la majorité présidentielle, à six semaines des élections législatives. Selon CNews (29 avril), l’homme de l’Élysée accuserait même son ancien complice de Matignon de « servir des intérêts personnels en vue de l’élection présidentielle de 2027 »

Étrange, cette manie d’accuser les autres de ses propres turpitudes passées, surtout pour un Emmanuel Macron qui, ministre d’un autre Président, François Hollande, se démena naguère plus pour son propre destin que celui de l’homme l’ayant promu à l’Élysée, puis à Bercy. C’est souvent chez les anciens débauchés qu’on recrute les puritains les plus échevelés.

Pour résumer, Édouard Philippe entendrait exiger un rôle central dans le futur groupe macronien à l’Assemblée, oubliant manifestement que dans ce dernier, il n’est pas le seul invité au banquet. Car là, ça se bouscule, en termes de groupuscules…

À droite de la Macronie : Agir, de Franck Riester, ministre délégué du Commerce extérieur et de l'Attractivité, et le Parti radical, mené par Laurent Hénart. Au centre, comme toujours, le MoDem de François Bayrou. Et à gauche ? Territoires de progrès, fondé par Olivier Dussopt, ministre délégué des Comptes publics, Fédération progressiste, menée par le maire socialiste de Dijon, François Rebsamen. Sans négliger le Parti écologiste de Barbara Pompili, ministre de la Transition écologiste, ni oublier l’ouvrier de la onzième heure : Jean-Pierre Chevènement et son tout nouveau courant Refondation républicaine. Réunir tout cela, qu’on avance ou recule, relève des douze travaux d’Hercule ; ce qui n’est pas une contrepèterie, précisons-le, à l’adresse de nos lecteurs les plus farceurs.

En attendant, personne ne sait plus trop bien qui portera haut bientôt les couleurs de la majorité présidentielle. Selon Le Figaro (2 mai), les sortants devraient être reconduits. Mais, toujours selon cette même source, cette interrogation existentielle quant à la survie de LREM : « Une fédération, une confédération ou une coalition. L’idée est de donner une cohérence politique à une future majorité plus “balkanisée” que jamais. »

Autant dire que le pari n’est pas forcément gagné d’avance, à lire Le Parisien de ce 2 mai : « Pendant cinq ans, la majorité présidentielle s’était divisée sans craquer. Mais en ce début de second quinquennat, elle est au bord de la fracture. […] Édouard Philippe réclame des circonscriptions qui ne soient pas des circonscriptions de conquête. »

C’est-à-dire que lui et ses affidés souhaiteraient être réélus sans combattre dans des fauteuils, gagnés d’avance, mais déjà occupés par leurs meilleurs amis de LREM. Ce qui fait évidemment grincer des dents chez des macronistes historiques soucieux de conserver leurs sièges, tout en se gardant des derniers à avoir volé au secours de la victoire. Dans leur ligne de mire ? Des opportunistes tels que les maires de Nice et de Toulon, Christian Estrosi et Hubert Falco. Pas simple, en effet…

Et en face ? Fort de son hégémonie électorale, Jean-Luc Mélenchon peut se permettre de toiser de haut ses rivaux, socialistes, écologistes ou communistes, tandis que Marine Le Pen peut tout aussi dicter ses propres conditions à ses concurrents de Reconquête. Logique, s’agissant de la loi du plus fort. Mais si les candidats du RN et de LFI ont encore les indéniables moyens d’imposer les leurs, Emmanuel Macron a-t-il le pouvoir de faire de même vis-à-vis de ses alliés putatifs ? Rien n’est moins sûr, tant son socle est fragile. Suite au prochain épisode.

Nicolas Gauthier

Source : http://bvoltaire.fr

Commenter cet article