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Le blog politique de Thomas JOLY

Macron en son palais : appelez-moi Super, pas de chichis entre nous !

6 Mars 2022, 15:57pm

Publié par Thomas Joly

Jamais, dans l’histoire de la Ve République, nous n’eûmes un tel mélange des genres entre le Président en fonction et le candidat à sa propre succession. Certes, Emmanuel Macron a annoncé qu’il postulait pour un second mandat par voie de presse, « la jouant » sobre, diront les uns, « service minimum », diront les autres. Une lettre envoyée in extremis, le cachet de la Poste faisant foi. Les circonstances pouvaient le justifier et c’était une façon de se distinguer de ses prédécesseurs. Admettons.

Là, en revanche, où ça pose problème, comme on dit, c’est la vidéo publiée, en guise de deuxième couche, vendredi soir, sur les réseaux sociaux. Un film dans lequel le Président se met en scène pour nous redire qu’il est candidat. Le texte, c’est bien, les images, c’est mieux. Et le candidat-Président se produit sur une scène qui vaut celle du Zénith : l’Élysée. Tout simplement. Ou comment privatiser un palais national pour sa propre campagne. Vous me direz, pourquoi se gêner et à quoi servirait le pouvoir si on ne pouvait en abuser. Heureusement, il n’a pas convoqué les gardes républicains pour servir de figurants. Seul le chien Nemo a été mis à contribution, accompagnant son maître, escaladant en trottant l’escalier d’honneur. Tout plein de symboles : un Président en mouvement, un Président humain puisqu’il aime les bêtes. Bref, le Président qu’il nous faut.

Sauf erreur de notre part, la seule fois où un Président sortant s’est montré dans le Palais pour faire acte de candidature, c’était de Gaulle, en 1965. Mais de Gaulle, c’était de Gaulle, et la mode n’était pas encore de postuler au JT de 20 heures. Balladur, qui n’était pas Président mais seulement Premier ministre, avait fait ça à Matignon. L’effet fut des plus sinistres malgré le bouquet de fleurs qui égayait le bureau. Avec le temps, la scène a quelque chose des funérailles grandioses d’un pharaon de la dix-neuvième dynastie. Macron, rien à voir. Lui, c’est Tintin, comme dirait Thierry Lhermitte incarnant le ministre Taillard de Vorms, dans Quai d’Orsay : « C’est le rythme… Le rythme “Tac tac tac tac tac”. Une case en amène une autre (tac tac tac), quand vous arrivez au bord de la page (tac), on vous emmène à la case du dessous (tac)… jusqu’en bas de la page… Et la page se tourne ! Vous êtes pris par la musique ! Vous ne pouvez pas faire autrement. Et là… plaf ! Sur toute la page, vous voyez une fusée… Gigantesque. » Gigantesque : à plus de 30 % dans certains sondages, ce samedi matin !

Et le Président-candidat ou candidat-Président - je ne sais plus, je suis perdu, comme chantait Michel Fugain - de nous expliquer qu’il est, lui, aux affaires de ce monde. Magnanime, il est quand même disposé à ce qu’il y ait un débat et même qu’on le contredise. Voui, Madame. Monsieur est trop bon. À la fin du court métrage (on va appeler ça comme ça), la voix off lui demande : « Est-ce que dorénavant je peux vous appeler “Monsieur le candidat” ? » La réponse tombe : « Oui, bien sûr ! Vous êtes là pour le candidat. Donc, appelez-moi “Monsieur le candidat”. Il n’y a aucun problème. » Là, on n’est plus dans Quai d’Orsay mais dans Papy fait de la résistance. « Dois-je vous appeler Super ou Résistant ? - Appelez-moi Super, pas de chichis. »

Bon, puisqu’on est entre nous et que le Président-candidat est sans chichis, peut-on faire nôtre la question du député européen Jérôme Rivière : « Le clip de campagne dans le palais de l’Élysée, ça sera possible pour tous les candidats ou c’est un avantage présidentiel comme les chèques énergie à quatre mois de l’élection ? » Comme les gens peuvent être mesquins, franchement !

Georges Michel

Source : http://bvoltaire.fr

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