Opacité des contrats UE-Pfizer : Ursula von der Leyen a un problème avec ses textos !
Tout a commencé par un article du New York Times, au printemps dernier. Un journaliste enquête alors sur les négociations entre la Commission européenne et les laboratoires pharmaceutiques fournisseurs de vaccins contre le Covid. En effet, en d’avril 2021, Ursula von der Leyen négocie directement avec le directeur général de Pfizer-BioNTech, le Grec Albert Bourla, pour la commande d’1,8 milliard de doses de vaccins pour la modique somme de 35 milliards d’euros. Notons, d’ailleurs, qu’il s’agit de vacciner la population européenne, celle-ci comptant, selon les chiffres de 2020 d’Eurostat, 447 millions d’habitants. Les pauvres Européens que nous sommes n’avons pas fini de nous faire injecter ! Une piètre négociation, d’ailleurs : la mutualisation de l’achat, au « profit » des 27, n’a pas empêché la dose d’injection de passer de 15,50 à 19,50 euros. Ajoutons également que plus de la moitié des 4 milliards de doses commandées par l’Union européenne sont des injections Pfizer.
Vu l’opacité des contrats et des négociations, le journaliste demande à la Commission des documents sur ces négociations, au titre de la « transparence ». La Commission n’envoie qu’une lettre, un mail et un communiqué de presse. Aucune trace des SMS échangés pendant un mois par Ursula von der Leyen et Albert Bourla.
Tout d’abord, ils n’auraient pas été conservés : « En raison de leur caractère éphémère et de courte durée, les SMS et les messages instantanés ont été supprimés. » Telle fut la réponse à la demande du journaliste. Comme le fait fort justement remarquer Jean Quatremer, dans Libération, des SMS ne sont éphémères que si l’on décide qu’ils le sont ! De plus, le secrétariat de la Commission a répondu que les SMS n’entraient pas dans les critères internes d’enregistrement de documents.
La journaliste du New York Times saisit alors la médiatrice de l’Union européenne, « l’organe indépendant et impartial qui peut demander des comptes aux institutions et aux agences de l'Union européenne, et qui promeut la bonne administration ».
Emily O’Reilly (c’est son nom) vient de rendre un avis fort critique sur la transparence de ce dossier. En effet, sur cette affaire de SMS, elle pointe la mauvaise gestion administrative de ces négociations, une jolie périphrase pour parler d’opacité : « Si tous les textes [textos, NDLR] ne doivent pas nécessairement être enregistrés, ceux qui [relèvent] clairement de la législation de l'UE en matière de transparence et dont la pertinence est incontestable doivent l'être. Il n'est pas envisageable d'affirmer le contraire. »
« En ce qui concerne le droit d'accès du public aux documents de l'UE, c'est le contenu du document qui importe et non le support ou la forme. Si les textes concernent des politiques et des décisions de l'UE, ils doivent être traités comme des documents de l'UE. L'administration de l'UE doit mettre à jour ses procédures en matière d'enregistrement de documents pour être en phase avec les pratiques actuelles. »
« L'accès aux documents de l'UE est un droit fondamental. Bien qu'il s'agisse d'une question complexe pour diverses raisons, les pratiques administratives de l'UE devraient être évaluées et être en adéquation avec le monde dans lequel nous vivons et avec les outils de communication que nous utilisons aujourd'hui. »
Autrement dit, arrêtez de vous moquer du monde !
Le problème est, bien sûr, que l’avis public de la médiatrice de l’Union européenne n’a aucune valeur contraignante, et que s’il oriente les projecteurs sur Ursula von der Leyen, cette dernière peut évidemment jouer la montre et ne rien faire. En tout état de cause, la médiatrice lui demande quand même de retrouver ces fameux textos…
En effet, l’accès au public des documents internes à la Commission est justifié pour « tout contenu quel que soit son support (écrit sur support papier ou stocké sous forme électronique, enregistrement sonore, visuel ou audiovisuel) concernant une matière relative aux politiques, activités et décisions pertinentes de la compétence de l'institution. »
La question taboue, néanmoins la plus importante de cette histoire, regarde d’éventuels conflits d’intérêts, ou collusion entre la présidente de la Commission européenne et l’industrie pharmaceutique. Nous avions déjà mentionné le rôle de l’Atlantic Council comme sphère d’influence commune entre Bourla et von der Leyen. Peut-on également évoquer, même si cela n’induit pas un lien de causalité, que l’un des principaux actionnaires de Pfizer, Vanguard (deuxième plus grand fonds d’investissement au monde après BlackRock) est également celui de la société Orgenesis, société de biotechnologie développant des thérapies cellulaires et géniques… et dont le directeur médical n’est autre que le docteur Heiko von der Leyen, mari de la présidente de la Commission européenne ? Mais qu’y a-t-il donc dans ces fameux textos, opportunément effacés ?
Marie d'Armagnac
Source : http://bvoltaire.fr
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