Nathalie Arthaud a plus de 500 parrainages : la preuve par l’absurde de l’iniquité de cette loi !
Trois semaines avant la date limite de dépôt des parrainages validant les candidatures à l’élection présidentielle, Nathalie Arthaud, porte-parole du mouvement Lutte ouvrière depuis 2008, a recueilli 529 parrainages d’élus. Elle est actuellement créditée d’environ 0,5 % des voix, et ses résultats obtenus lors des précédents scrutins sont du même ordre : 0,56 % en 2012 et 0,64 % en 2017.
Pas de quoi révolutionner le paysage politique français que cette candidature d’inspiration trotskiste.
Néanmoins, à l’heure où Éric Zemmour et Marine Le Pen peinent à obtenir les leurs, alors qu’ils sont crédités de 15 à 17 % d’intentions de vote selon les sondages, cela a de quoi surprendre. Sans parler de la candidature de Jean-Luc Mélenchon, à l’extrême gauche cette fois-ci - donc dans le même camp politique que Nathalie Arthaud -, qui est crédité d’au moins 10 % d’intentions de voix : il ne dispose pour l’heure que de 370 parrainages. Il avait réalisé un score de 19,58 % des voix au premier tour en 2017.
Comment expliquer que, à chaque élection, Lutte ouvrière obtienne rapidement et sans problème ces fameux sésames ?
Plusieurs raisons à cela, non exclusives les uns des autres.
Interrogée sur France Info, ce 15 février, Nathalie Arthaud explique : « C’est notre implantation locale qui explique ces parrainages. » Dans une interview accordée à Ouest-France en septembre dernier, elle racontait : « Nous ne nous satisfaisons pas de coups de téléphone ou de courriers envoyés en quantité. Nous nous déplaçons, nous allons discuter, nous allons nous expliquer […] C’est un vrai effort militant. »
Laurent-David Samama, spécialiste de la nébuleuse trotskiste, explique dans Marianne que Lutte ouvrière, qui n’a pourtant remporté que 16 élus aux dernières élections municipales, dispose d’un maillage territorial serré et de militants (plus que d’électeurs !) : « Lutte ouvrière est certes un petit parti, mais à la différence de nouvelles structures comme celle de Zemmour, ils connaissent le terrain, ils savent comment baliser le territoire pour obtenir des soutiens. C'est un vrai parti à l'ancienne, avec une hiérarchie et une discipline militaire. Chacun sait ce qu'il doit faire et la ferveur qui rassemble les militants frise le mouvement sectaire. »
Mais tout ceci n’explique pas entièrement pourquoi Nathalie Arthaud, mais aussi Jean Lassalle ou Fabien Roussel, dont les candidatures au regard des intentions de vote peuvent être considérées comme mineures, comme des candidatures de témoignage, ont aujourd’hui franchi la barre des 500 signatures.
Tout d’abord, ces candidatures ne représentent aucun danger. Mais c’est surtout la levée de l’anonymat des parrainages qui explique cette étrange différence entre eux et les candidatures de Marine Le Pen et, cette année, d’Éric Zemmour. Romain Pasquier, directeur de recherche au CNRS, donne quelques clés de compréhension dans un entretien à Ouest-France : « Même si elle [Nathalie Arthaud, NDLR] représente une opinion minoritaire dans l’espace politique, pour un élu local qui respecte le pluralisme démocratique, il y a nécessité que cette opinion soit représentée. »
Il pointe, quelques lignes plus loin, sans voir l’incohérence : « Clairement, l’extrême droite fait plus peur dans l’opinion publique que l’extrême gauche. D’autres candidats ont plus de difficultés à se voir accorder un parrainage, qui pourrait être mal reçu par les électeurs. »
Le pluralisme, oui, mais pas trop quand même… surtout pour des candidatures qui seraient en position d’accéder au second tour !
On sait que cette loi, adoptée sous le quinquennat de François Hollande, levant l’anonymat des parrainages de candidats, est la principale responsable de la fébrilité des états-majors du Rassemblement national et de Reconquête. Cette loi doit être lue comme le deuxième volet du piège mitterrandien du cordon sanitaire, impératif moral catégorique visant – avec un certain succès depuis quarante ans - à empêcher toute alliance partisane avec l’extrême droite. Impératif moral, et piège, auquel le RPR, l’UMP puis les LR se sont toujours obligeamment pliés.
Il en va de même pour les parrainages : quel maire ne s’est pas refusé à parrainer un de ces deux candidats au motif de ce qu’il lui en coûterait, aussi bien en termes de relation avec ses électeurs qu’en matière d’aides et subventions diverses accordées par les communautés de communes, le département ou la région ?
Aujourd’hui, cette loi permet de maintenir en vie des partis moribonds comme le PS et d’empêcher une recomposition politique, à l’heure où la France n’a jamais été aussi « à droite ».
Marie d'Armagnac
Source : http://bvoltaire.fr
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