Gouverner par la peur et l’ignorance : au cœur du macronisme
Cela avait déjà commencé sous Hollande, son prédécesseur, avec les Charlie. Comme je l’avais exposé dans mon livre de 2015, La Marche des lemmings, le tintouin organisé autour du slogan « Je suis Charlie » avait permis d’escamoter la double responsabilité du pouvoir dans l’impréparation face aux attentats islamistes et face à la montée du fondamentalisme musulman en France. Un sentiment factice de force dû au nombre des manifestants pro-Charlie alors qu’en sourdine, la menace antilaïque, antirépublicaine et même antifrançaise continuait de prospérer.
Macron, second couteau du hollandisme promu président de la République par la grâce des médias et d’une Justice efficaces pour discréditer ses adversaires, a conservé les mêmes méthodes que le chef qu’il a trahi. Comme Hollande lors de la crise du mariage dit pour tous, il s’est plu à salir les opposants lors des manifestations des gilets jaunes, mouvement qui n’ambitionnait que de protester contre le déclassement des classes moyennes et populaires.
À la peur et la calomnie, il a simplement ajouté un degré de répression plus fort, comme on l’a vu pour les variants du Covid-19 et le passe sanitaire, prétextes à un incroyable recul des libertés publiques. Et, à chaque fois, une campagne de conditionnement de l’opinion a porté ses fruits. L’objectif est simple : dissimuler une impuissance complète à enrayer les conséquences de l’appauvrissement, de la désindustrialisation, de l’endettement, de la bureaucratisation et de la perte de souveraineté de la France.
Macron s’appuie sur une partie numériquement importante de la population qui vit encore à peu près confortablement des protections directes ou indirectes de l’État : hauts fonctionnaires, professions libérales réglementées, rentiers à revenus et capital plus ou moins garantis. En bref, le macronisme repose sur un tripode : les médias formatent idéologiquement les titulaires de bullshit jobs protégés par l’État. Et le tout est désormais dépendant de son refinancement par la planche à billets de la Banque centrale européenne. Une vraie pyramide de Ponzi politico-financière.
Il ne faut pas s’étonner que, dans ce climat délétère, toutes les occasions soient bonnes pour distraire l’opinion des vrais enjeux. Depuis plus de dix ans, les Américains et l’OTAN jouent la tension avec la Russie sans avoir les moyens de leur tactique. Les Américains peuvent se le permettre : si le bras de fer se termine par une luxation de l’épaule pour les Européens ils n’en subissent pas les conséquences. Mieux que cela : ils placent leurs « alliés » dans une situation de dépendance encore plus grande, on le voit avec la suspension de l’entrée en fonctionnement du gazoduc Nord Stream 2.
Mais qu’allaient faire Macron et ses sbires dans cette galère ? Tout simplement, comme pour l’amplification de la peur sanitaire, ils cherchent des prétextes à l’inflation, à la précarisation, aux déficits budgétaires et commerciaux. La recette est vieille comme la mauvaise politique. Mais, fortement appuyée sur le bourrage de crâne, elle parvient encore à atteindre certains de ses objectifs.
Le gros problème est que tout cela rappelle de plus en plus nettement les prémices de la guerre de 1914 : des enjeux lointains viennent s’emparer d’une machine politique déréglée et folle qui sur-réagit.
Le macronisme sera inévitablement rattrapé par son absence totale de résultats. Simplement, Macron espère que les Français se réveilleront après les élections. Et l’hypothèse d’un vrai dérapage va-t-en-guerre n’est plus à exclure, quand on entend le consternant Le Drian évoquer jusqu’à l’arme nucléaire.
Il est temps, en tout cas, que les candidats à la présidentielle qui osent encore résister un peu à la manipulation et à la déraison se parlent et agissent de concert pour limiter l’emballement des mensonges et manipulations du « pouvoir ».
Serge Federbusch
Source : http://bvoltaire.fr
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