Parrainages : en 2022, en France, plus de 35.000 élus paralysés par… la peur
Donc, on en est là. Dans le pays le plus généreux du monde en leçons de démocratie, entre 35.000 et 40.000 élus (sur 42.000 au total) refusent de donner leur signature aux candidats à la présidentielle. Ils évoquent mille raisons mais, au fond, ils n’en ont qu’une : ils ont peur. Eux aussi. En signant pour d’autres listes que le PS, désormais sous la barre des 5 %, LR, aujourd’hui en troisième position, ou LREM, le parti présidentiel, les maires craignent mille maux. Ceux qui auront mal signé savent ce qu’ils risquent. D’abord une révolte venue d’une partie de leur propre conseil municipal car les conseillers sont souvent, dans les petites villes, de tendances différentes. C’est le meilleur moyen de diviser une équipe qui a besoin d’être unie pour administrer la commune. On promet encore à ces maires l’opposition efficace et feutrée des communautés de communes : sans le dire, elles ne seront pas pressées de donner un coup de main aux projets du maire déviant. Provoquer la majorité départementale ou régionale et leurs potentats en signant pour un candidat auquel ils s’opposent ne peut rien apporter de bon non plus. Enfin, il ne faut pas oublier les charmants activistes, les MRAP, LICRA, antifas et la myriade de mouvements gauchistes confortablement financés par toutes sortes de moyens, y compris étatiques.
Ces grands démocrates l’ont montré à plusieurs reprises lors des dernières présidentielles : ils sont prêts à afficher et bomber de nuit, voire à menacer et casser dans les communes des maires coupables d’avoir parrainé de travers.
Ce n’est pas tout. Les campagnes coûtent cher et les partis ne sont remboursés qu’à la fin. Les particuliers sont autorisés à donner avec un plafond de 7.500 euros par personne, mais ils ne peuvent pas prêter au parti ou au candidat, ce qui est permis pour d’autres scrutins. Pourquoi ? De leur côté, les banques prêteuses doivent être de la communauté européenne et ont, bien sûr, toute liberté de prêter ou non. Résultat : un parti comme le Rassemblement national, qui a pourtant fait d’autres campagnes de deuxième tour, n’est pas du tout assuré de se financer. On ne vous parle pas des médias publics, entretenus par nos impôts et dont l’objectivité ne saute pas toujours aux yeux… Pour de nombreux partis français, la course à la présidentielle a ainsi des allures de raid de survie tout nu face aux partis surarmés du système.
Pour Zemmour, qui en parle souvent, la crise est majeure. Le candidat de Reconquête peinerait à atteindre les 300 signatures. Pour La France insoumise, la situation est aussi critique. Et ce serait un scandale que ce parti, qui pèse quelque 10 % des intentions de vote, ne réunisse pas les signatures nécessaires. Pour le Rassemblement national, la crise est moins aiguë : « On a 300 élus, donc 300 signatures quasi automatiques, explique Philippe Olivier, député européen et conseiller spécial de Marine Le Pen. On doit avoir aujourd’hui entre 400 et 500 signatures, mais il faut une marge de sécurité car les maires envoient eux-mêmes leurs parrainages au Conseil constitutionnel. » Le parti craint les déperditions, renoncements ou oublis. Et la concurrence fait rage, à droite : les équipes de Philippot battent la campagne pour récupérer les précieux parrainages que Nicolas Dupont-Aignan ou François Asselineau recueillent avec une certaine efficacité. Mais atteindront-ils les 500 ?
Le président du Sénat Gérard Larcher a beau inciter, le barrage aux candidats reste entier : « Je considère que Mélenchon, Le Pen et Zemmour doivent pouvoir se présenter à la présidentielle, dit-il sur France Inter. Ne pas y parvenir serait un mauvais signal pour notre démocratie. Les élus doivent utiliser sans crainte leur droit de parrainage. Parrainer n’est pas soutenir. » Peine perdue jusqu’ici. Le système est verrouillé à triple tour, il handicape clairement la démocratie. Quand la persécution des non-vaccinés laissera un peu de temps libre au pouvoir, il serait bon qu’il se penche sur ce dossier, faute de quoi les réactions des électeurs risquent d’être vives. Macron et sa majorité ont donc les clés de l’affaire. C’est encore Noël, on peut rêver !
Marc Baudriller
Source : http://bvoltaire.fr
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