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Le blog politique de Thomas JOLY

Macron toujours à 25 % ? Le Monde se sent obligé de nuancer

23 Janvier 2022, 12:31pm

Publié par Thomas Joly

Les sondages, c'est bien connu, ça va ça vient. Et Marine Le Pen, Éric Zemmour, Valérie Pécresse et Jean-Luc Mélenchon en savent quelque chose : pour eux, ça bouge tout le temps. Mais curieusement, il en est un pour qui ça ne bouge jamais, ou presque, et auquel ils attribuent invariablement le même score, quoi qu'il dise, fasse, décide : le Président sortant, Emmanuel Macron, est systématiquement donné à 25 %. Nouvelle preuve de cette immutabilité jupitérienne, la dernière enquête mensuelle Ipsos-Steria pour Le Monde : de nouveau 25 %.

Mais cette constance devenant de plus en plus étonnante, voire suspecte, aux yeux de beaucoup d'observateurs qui voient, entendent, mesurent d'autres sons de cloche sur le terrain, Le Monde s'est senti obligé de s'expliquer, et de nuancer. D'où ce titre : « Pourquoi les intentions de votes (sic) en faveur d’Emmanuel Macron se maintiennent... pour l’instant. » Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos, s'est donc fendu d'un argumentaire en quatre points pour justifier cette étrange stabilité.

Le premier tiendrait à la gestion de la crise sanitaire et à l'appui massif des Français aux mesures gouvernementales. Mais justement, nous sommes à un moment où cet appui baisse fortement, de 7 points, comme le reconnaît d'ailleurs M. Teinturier. Et il n'y aurait aucune conséquence sur les intentions de vote au premier tour ? De même, les dernières enquêtes sur la cote de popularité d'Emmanuel Macron indiquaient, cette semaine, une forte baisse qui le ramenait à son niveau de 2020. Forte baisse confirmée ce dimanche par un sondage Ifop pour Le Jdd. Là encore, cela n'égratignerait pas son 25 % ? On aimerait comprendre...

La seconde raison de son maintien viendrait des préoccupations prioritaires des Français : les sujets régaliens (immigration, insécurité) seraient supplantés par le pouvoir d’achat, le Covid-19, le système de santé et l’environnement, ce qui l'avantagerait sur ses rivaux de droite. Mais si ces quatre sujets reviennent en force, c'est précisément parce que l'opinion est loin d'être satisfaite de la mauvaise gestion macronienne !

Le troisième facteur de sa pseudo-stabilité, M. Teinturier a raison, est plus intéressant : c'est la persistance de son « en même temps » politique de 2017 : la réunion des centres droit et gauche. Pour lui, « même s’il y a de la perte en ligne, ces segments résistent. L’offre à gauche et à droite ne convainc donc pas ces convertis, qui pourraient ainsi en partie le rester jusqu’au 10 avril. C’est un élément-clé du résultat final. » En effet, l'offre à gauche et le positionnement illisible de Valérie Pécresse sont de nature à maintenir le macronisme. C'est presque à se demander si PS et LR ne le font pas exprès...

Dernier argument avancé : la domination électorale d'Emmanuel Macron dans toutes les classes d'âge et toutes les catégories sociales... face à Valérie Pécresse. Qu'Emmanuel Macron ait gagné sa primaire face à Valérie Pécresse, on le savait depuis longtemps, avant même qu'elle ait été désignée.

Mais c'est dire, en même temps, que cette élection atypique apparaît, justement, comme une juxtaposition inédite de deux primaires : à gauche où c'est Jean-Luc Mélenchon qui mène la danse, candidature Taubira ou pas, à droite surtout, où Eric Zemmour cherche à s'imposer comme le catalyseur de l'union des droites. Les 25 % d'Emmanuel Macron s'expliquent donc surtout par ces compétitions latérales et la confusion qui règne des deux côtés demeure son meilleur atout. « Pour l'instant », comme dit Le Monde. Mais dès que des clarifications et des leaderships se dessineront à droite et à gauche, les choses bougeront.

Frédéric Sirgant

Source : http://bvoltaire.fr

 

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