La fin d’un monde dans le discours politique : la menace est-elle climatique ou civilisationnelle ?
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Pour Noël, Netflix a offert à ses abonnés, avec Don’t Look Up, une superproduction réunissant les stars du moment autour d’une parabole écolo-moralisatrice annonçant la fin des temps. Le scénario met en scène deux scientifiques qui découvrent qu’un énorme astéroïde va bientôt percuter la Terre et la détruire. Loin d’être écoutés, ils affrontent le déni et les moqueries des médias et des réseaux sociaux ainsi que l’irresponsabilité d’une présidente des États-Unis, arriviste et cupide, aux faux airs de Donald Trump, bien sûr.
Le réalisateur du film, Adam McKay, explique, dans Le Figaro du 28 décembre, qu’il voulait « écrire un film sur la crise climatique, la menace la plus immense à laquelle l’humanité est confrontée ».
Un Yannick Jadot, en France, porte le même message chargé d’images catastrophistes afin de légitimer son programme politique : « Les basculements que nous vivons s’accélèrent. […] L’Amérique du Nord en proie aux chaleurs extrêmes et aux incendies géants ; l’Allemagne, la Belgique, la Chine sous les eaux ; les forêts du Var dévastées par les flammes. Les conditions mêmes de notre existence sont bouleversées et les menaces s’accumulent : pandémies, chaos climatique, extinction des espèces, guerres et déplacement de population. »
On pourrait ajouter, en déplaçant le curseur des catastrophes plus à droite : déclassement économique, choc des civilisations, hiver démographique et Grand Remplacement.
Cependant, derrière toutes ces angoisses, ne s’agit-il pas plutôt du pressentiment de la fin d’un monde ? On pourrait alors voir dans cette prolifération d’un imaginaire apocalyptique en Occident, le signe d’un sentiment de décadence s’emparant d’un monde qui croyait que le progrès le rendrait immortel.
« Tout bien pesé, écrivait l’historien Pierre Chaunu, la décadence, cette vieillesse de nos sociétés, est encore une manière polie de parler de la mort, sans la nommer. »
L’Occident veut-il encore vivre ? Se perpétuer, malgré les cavaliers de l’Apocalypse qui voudraient accélérer son déclin ? Car, ne nous y trompons pas, ils sont nombreux, ceux qui voudraient que le Soleil se couche à jamais sur notre civilisation. De la racaille qui, chaque Nouvel An, brûle voitures et édifices publics, aux révolutionnaires qui prétendent abattre les « vieilles idoles » à coups de pavés, une même fascination pour la négation et la destruction se répand.
Pierre-André Taguieff, dans un entretien au Figaro en avril 2021, citait l’un des pères de la déconstruction, le philosophe Jean-François Lyotard (1924-1998) : « Voici une ligne politique : durcir, aggraver, accélérer la décadence. » Taguieff rappelait la filiation nietzschéenne de ces penseurs devenus les idoles de notre époque. Nietzsche qui disait : « Un monde qui s’effondre est un plaisir non seulement pour le spectateur, mais aussi pour le destructeur. »
Alors, pour que les générations suivantes ne soient pas celles des dépossédés et des déconstruits, il y a bien un combat écologique à mener. Celui qui ne ferait pas l’impasse sur la préservation de nos paysages, de notre culture et du peuple qui les a façonnés. Une écologie civilisationnelle qui protégerait le patrimoine que nous avons la responsabilité de transmettre.
Frédéric Lassez
Source : http://bvoltaire.fr
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