Attention, dès le 1er janvier, n’oubliez pas votre porte-monnaie aux urgences…
Une des explications de l’enfer que représente l’attente aux urgences hospitalières est depuis longtemps : « parce que c’est gratuit… ». Mais le fromage gratuit, ça n’existe que dans les tapettes à souris, l’essentiel est de savoir qui paye à la fin. Actuellement, après les passages aux urgences, l’hôpital recouvre seulement 30 % de ce qu’il devrait recevoir – le « reste à charge », tant factures et relances, est négligé par les distraits, les étrangers, les impécunieux et les partis sans laisser d’adresse !
Alors, malgré le silence médiatique, apprenez qu’il en sera fini de cette « gratuité » dès le 1er janvier 2022 : sans mutuelle, et si l’on n’est pas hospitalisé, il faudra payer la note à la caisse des urgences avant de partir. Oh, pas grand-chose – 19,61 euros -, bien loin du coût réel d’un passage aux urgences (supérieur à 100 euros), mais assez pour faire dire à certains qu’« il y a sûrement des gens qui n’iront plus aux urgences par peur de devoir payer, alors qu’il le faudrait ».
Que ceux-là se rassurent : comme à chaque fois qu’il invente un truc bien technocratique, le législateur a tout prévu. Un geste commercial (rabais de 11,12 euros très précisément) a été prévu pour les femmes enceintes (mais de plus de cinq mois seulement), les affections de longue durée, les victimes de terrorisme, les malades du Covid en urgence, etc. Mais pas de réduction, semble-t-il, pour les victimes d’avalanches, de tsunamis ou d’accidents d’ascenseur, discriminations qui ne tarderont pas à être comblées…
Lancée sous Édouard Philippe, l’affaire a un peu traîné à cause des complications avancées par les hôpitaux, complications informatiques comme les lecteurs de CB et carte Vitale, ou simplement celle du rendu de petite monnaie. D’autant qu’il leur faut prévoir du personnel administratif qui, quoique pléthorique, est peu habitué à travailler de nuit, ainsi qu’un guichet de sortie assez confidentiel pour que les pertes blanches de Madame Michu ne soient pas trop informées des hémorroïdes de M. Jambier. Lesquels patients devront s’être munis de leurs cartes d’identité, Vitale et de mutuelle s’ils veulent bénéficier du tiers payant. Tout comme le jeune footballeur qui vient de se tordre la cheville à la suite d’un tacle trop agressif, ce qui sera sans doute plus problématique.
Rassurez-vous, les bénéficiaires de l’Aide médicale d’Etat, c’est-à-dire les étrangers en situation irrégulière, n’auront pas à débourser ce forfait, comme le précise le Huffpost du 27 décembre. La grande majorité des Français bénéficiant d’une mutuelle (pour la bonne raison que l’État ne leur a pas demandé leur avis), les seuls qui risquent d’avoir une vraie surprise sont ceux, retraités ou chômeurs par exemple, qui, constatant que leurs dépenses de santé étaient bien inférieures au coût d’une mutuelle, ont fait le choix rationnel de s’en passer.
Vu l’absence totale d’information du public sur ce changement – parce que les politiques responsables la considèrent comme « purement technique » -, le personnel hospitalier peut donc s’attendre à de pénibles explications et mises au point…
Richard Hanlet
Source : http://bvoltaire.fr
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