Tapie : une fausse grande gueule, un vrai petit soldat du politiquement correct
Bernard Tapie était une sorte de caricature d'acteur américain bling-bling qui fait du fric, qui triche, qui magouille, qui combine et qui espère faire oublier tout ça en disant à la fin : « Critiquez-moi, mais je suis riche, pas vous ».
Tapie n'était qu'un acteur, une illusion, une fausse grande gueule. Celui dont on dit qu'il n'avait pas sa langue dans sa poche a construit sur cette réputation son personnage d'iconoclaste qui fait bouger les lignes. Mais en réalité, ce gars n'a jamais dit un mot de travers sur les sujets sensibles, tabous ou interdits. Au contraire il était un excellent petit soldat du politiquement correct, capable d'appeler à voter contre la Bête immonde y compris après que Kader et Momo aient tabassé sa femme sous ses yeux.
Cet homme était entièrement sous contrôle, tenu par des puissances qui avaient mille dossiers fâcheux sur lui. Ses éclats médiatiques, ses fanfaronnades publiques, ses numéros d'acteur sur les plateaux ne pouvaient subjuguer que des esprits impressionnables qui ne font plus la différence entre la réalité et les personnages de cinéma.
Il a été dévoré par les lumières, par la recherche de la gloriole, par les applaudissements insincères de la société du spectacle et de la mise en scène permanente. Tout était faux, tout était surjoué. Tapie était l'une des marionnettes de cet infâme théâtre qu'est la société moderne.
Pour autant, je ne me réjouis pas de sa mort. Je suis né dans les années 80 et j'ai entendu son nom et vu sa trombine toute ma vie. En quelque sorte il fait partie du décor et des meubles. Sa mort, comme celle de Belmondo il y a quelques semaines, tourne encore un peu plus la page de nos années 80 & 90.
Repose en paix malgré tout, Nanard. Tu n'étais sans doute pas un mauvais bougre au fond.
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