Jean-Marie Le Pen relaxé dans l'affaire de la « fournée »
Dans une vidéo diffusée le 6 juin 2014, Jean-Marie Le Pen, alors député européen, s’en était pris aux artistes engagés contre le FN, tels Yannick Noah, Guy Bedos et Madonna. Alors que son interlocutrice lui avançait le nom du chanteur Patrick Bruel, d’origine juive, M. Le Pen avait commenté dans un rire : « Ça ne m’étonne pas. Écoutez, on fera une fournée la prochaine fois ! »
Ce vendredi, le tribunal correctionnel de Paris a relaxé l’élu d’extrême droite qui était poursuivi pour provocation à la haine raciale. L’ancien président du Front national, aujourd’hui âgé de 93 ans, n’était pas présent à l’audience, comme l’avait indiqué son avocat, Me Frédéric Joachim. Le tribunal a reconnu que les propos tenus avaient pour cible la communauté juive, car « le mot fournée » renvoyait à « l’image quand bien même symbolique du processus d’extermination systématique des Juifs d’Europe », mais a estimé qu’il s’agissait non pas d’un appel à la discrimination et à la violence, mais d’« une jubilation pour faire un bon mot face à un auditoire acquis » à Jean-Marie Le Pen.
Au procès, le ministère public n’avait pas présenté de réquisitions, s’en remettant au jugement du tribunal. Pour le procureur, « l’usage du terme fournée n’avait absolument rien d’innocent » et constitue une « grave faute morale ». Ces mots avaient déclenché une pluie de condamnations et semé la discorde au sein de son propre parti.
Sa fille Marine Le Pen, alors présidente du FN, avait décrit « une faute politique ». Le cofondateur du parti avait été exclu du mouvement à l’été 2015, avant d’être déchu de sa présidence d’honneur au congrès de mars 2018.
Au terme d’un long processus de retrait de son immunité parlementaire, M. Le Pen a été jugé, de même que Jean-François Jalkh, poursuivi en tant que directeur de publication du site internet du FN.
« De qui se moque-t-on ? »
Dans un courrier transmis au tribunal pour l’audience du 1er septembre, Jean-Marie Le Pen avait de nouveau soutenu que le mot « fournée » n’avait « jamais eu de signification polémique ni même politique ». Les avocats des prévenus avaient plaidé la relaxe, voyant dans cette affaire « une interprétation devenue folle d’un terme aussi anodin, banal », selon Me David Dassa-Le Deist, l’avocat de M. Jalkh.
Avocat du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme (BNVCA), Me Marc Bensimhon, avait protesté, ironique : « Bien sûr, ça n’a rien à voir avec les fours crématoires… de qui se moque-t-on ? ». Le BNVCA était partie civile au procès, aux côtés de SOS Racisme et de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra).
Source : http://leparisien.fr
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