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Le blog politique de Thomas JOLY

Macron, le Président influenceur : mais de qui se moque-t-on ?

25 Mai 2021, 06:05am

Publié par Thomas Joly

Macron maîtrise la mise en scène de son image ; certains seront tentés de dire qu’il affectionne la mise en lumière de sa personne.

Macron, sur une base aérienne, se pointe en blouson de pilote et croit pouvoir jouer les Top Gun. Macron, dans un tour de France de 80 jours, organise un grand débat qui tourne en monologues interminables et croit répondre au désespoir des gilets jaunes.

Macron prépare 2022 et filme une vidéo de 36 minutes à l’Élysée avec les youtubeurs McFly et Carlito et pense draguer la jeunesse dont les 25/34 ans voteraient, aujourd’hui, à 29 % pour le RN, selon un sondage du mois d’avril.

7,5 millions de vue à cet instant, pour cette vidéo, longue à regarder, qui met en scène un concours d’anecdotes traversé de quelques surprises méticuleusement orchestrées : un appel à Kylian Mbappé, un concert de métal privé dans les jardins de l’Élysée…

L’équipe de communication du Président a géré cette opération de communication comme pour une entreprise, avec le but de toucher une audience la plus large possible et de multiplier les interactions avec le public ciblé. C’est l’appropriation du monde politique par celui du marketing d’entreprise.

Aucun message politique, aucune interrogation sur la place d’un président de la République à côté d’un jeune, plus si jeune, qui lui demande l’autorisation de faire une galipette dans les jardins de l’Élysée, avant de s’asseoir écouter la version metal de « Petit Papa Noël » et de la « Souris verte » par un groupe qui s’appelle Ultra Vomit.

Le message politique, on s’en fout, et ça tombe bien : il n’y en a aucun. Ce qui compte, c’est toucher l’audience de la cible jeune, créer le buzz, faire parler, capter l’attention médiatique. Sur certains jeunes boudeurs d’urnes, cela va marcher : Macron est cool et sympa, alors, pourquoi pas ?

Mais cette dépolitisation de la parole politique qui vend du creux et de l’image à l’heure où les enjeux politiques autour de la jeunesse sont immenses est une insulte à la jeunesse déjà précarisée par la crise sanitaire, tant au niveau économique que psychologique. Cette stratégie de séduction du Président Macron à vocation électorale ne répond en rien aux différentes craintes de la jeunesse de France, parce qu’elle n’essaye même pas.

Choisir des amuseurs publics, qui se vantent d’avoir fumé des joints et de savoir les dissimuler rapidement en cas de contrôle de police, c’est finalement exprimer à l’égard de la jeunesse un vrai mépris. Une marque de fabrique du Président de la start-up nation, « d’une France sans culture », traversée de « gens qui ne sont rien ».

Un mépris, aussi, de la fonction présidentielle, et c’est sûrement le plus grave. Que dit une vidéo où les interlocuteurs du Président s’adressent à lui comme à un autre ? Une vidéo entrecoupée de publicités comme si la vidéo d’un président de la République pouvait être monétisée comme celle de n’importe quelle autre vidéo de youtubeur ? Et d’un Emmanuel Macron qui lance un « putain » en fin de vidéo, juste avant que les rockers du concert final lancent un « L’Élysée, est ce que vous êtes là ? »

Jeunesse de France, réveillez-vous, vous valez mieux que ça ! Ne vous laissez pas réduire à une cible marketing, posez vos questions, revendiquez vos droits, faites entendre vos craintes et soyez respectueux de vos devoirs, dont un des premiers est celui de faire rayonner votre pays.

L’actualité actuelle fourmille de choix de société, voire de civilisation, et que le président de la République française commette une vidéo où le résultat n’aura d’intérêt que par la masse de vues et le nombre de like pour déboucher sur une captation de l’électorat en dit long sur la place qu’il souhaite accorder aux maux, pourtant bien réels, de notre jeunesse française.

Anne-Sophie Hongre-Désir

Monsieur le Président,
Cher Emmanuel Macron,

Je me souviendrai de ce dimanche de Pentecôte comme du jour où je me suis sentie devenir vieille. J’en ai conscience : je suis dépassée. Totalement décalée, à l’évidence, avec cette France que vous gouvernez et ce monde dans lequel je vis pourtant.

Hier donc, le 23 mai 2021, jour de tradition chrétienne où l’on fête le Saint-Esprit illuminant la cervelle des apôtres, vous avez, en tant que président de la République, convié à l’Élysée les youtubeurs McFly et Carlito. Deux jeunes gens dont j’ignorais l’existence – et je m’en passais fort bien – jusqu’à ce que vous, chef de l’État, leur ayez lancé le défi de rameuter dix millions de suiveurs pour « une vidéo sur les gestes barrières ». En récompense, vous leur promettiez la petite sauterie organisée, ce dimanche, dans votre palais de la République.

Votre épouse étant sensiblement plus âgée que moi-même, je n’ose croire, sachant comme elle vous cornaque depuis le lycée, qu’elle n’a pas, comme moi, souri très jaune à vos blagounettes. Pas dit, dans l’intimité de votre chambre : « Non, Emmanuel, tu ne vas quand même pas faire ça ! »

Mais si, vous l’avez fait, et quinze millions de personnes vous ont regardé débiter des fadaises. Des blagues à deux balles. De l’humour de garçon de bain, comme on disait du temps où les piscines avaient des cabines et pas des casiers.

« S’il perd, Manu aura un gage », avaient prévenu les deux youtubeurs. C’est comme ça, entre d’jeunes, on vous appelle « Manu » et on vous tape dans le dos. Alors, vous avez fait match nul, forcément. Égalité de conneries. Il fallait bien ça, sans quoi ils vous auraient peut-être fait marcher à quatre pattes autour du grand salon, en aboyant comme un clébard, collier et laisse autour du cou. Ou léché leurs pompes Nike™. Tout est possible. Vous avez bien posé pour la photo, tout souriant, entre deux jeunes qui vous faisaient un doigt de déshonneur, alors…

Si ma mémoire est bonne, Monsieur le Président, et je reconnais que si j’ai voté pour vous (eh oui, nul n’est parfait !), c’est en partie pour cela, vous vous engagiez à « restaurer la fonction présidentielle ». À lui rendre un peu de lustre après l’épisode du Président normal, lui aussi adepte des blagounettes, Hollande le rondouillard qui chevauchait son scooter pour « emmener Popaul au cirque ».

Question cirque, on est servi. Pour la restauration, il va falloir attendre.

À voir les quelques extraits de votre prestation humoristique, diffusés entre un accident de téléphérique et la quotidienne sur l’apocalypse vaccinale, je me suis sentie submergée par la honte. Celle-là même que vous devriez éprouver pour vous avilir de la sorte.

Nous sommes encore à un an de la prochaine présidentielle et, déjà, vous racolez dans les bas-fonds. Qu’avez-vous prévu, pour la suite ? Un concours de pétomanes, Les Marseillais à l’Élysée, Hanouna Premier ministre en remplacement de Castex ?

Les petits crétins de « communicants » qui vous servent de conseillers, frais émoulus de leurs grandes écoles, pensent sans doute que vos farces attireront vers les urnes une nouvelle clientèle. Je pense qu’elles en éloigneront bien plus sûrement les gens comme moi. C’est un pari risqué que vous faites là. Un pari pour la France, hélas, car en ce qui vous concerne je n’ai aucun souci : votre art du « en même temps », autre mot pour la flagornerie tous azimuts, est aussi votre viatique.

Je suis une femme honnête, j’éviterai donc de vous présenter mes sentiments respectueux. Ils n’auraient pas été sincères, alors je les garde en attendant mieux que vous.

Marie Delarue

Source : http://bvoltaire.fr

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