Dépôts de bilan : l’hécatombe ne fait que commencer
En quelques jours, les annonces des dépôts de bilan, licenciements et fermetures d’usines ont plu dans les médias. Naf Naf et Alinea ont d’ores et déjà déposé le bilan, Conforama devrait suivre dans les jours qui viennent. Comme André, la Halle, 5 à sec et hélas, bien d’autres. Redressements judiciaires, plans de sauvegarde, ces dernières essaieront de survivre, mais ne pourront résister qu’en réduisant le nombre de magasins et les effectifs…
Déjà en difficulté à cause des crises des Gilets jaunes, puis des grèves de la fin de l’année, toutes ces enseignes de la distribution, du textile ne résisteront pas à deux mois de fermeture forcée. Avec à la clé des dizaines de milliers d’emplois perdus. Mais au-delà de ces marques symboliques et connues, combien de petits commerces, PME, restaurants, bars ne rouvriront pas ? Selon un sondage pour le Parisien, 22 % des patrons de PME ont l’intention de licencier. Et les licenciements sont évalués à 20 % des effectifs de ces entreprises : après un compte rapide, sur 20 millions de salariés du privé en France, cela représenterait environ 900.000 emplois supprimés… Qui s’ajouteront aux dépôts de bilans.
Restaurants, bars, hôtels auront bien du mal à reprendre leurs activités, sans parler de l’événementiel. Hier soir, le célèbre Jean Roch, patron de la mythique discothèque le VIP Room à Paris, a annoncé qu’il ne rouvrirait pas ses portes : le monde de la nuit ne sait même pas la date approximative de réouverture autorisée… Avec de telles annonces, c’est non seulement l’emploi, mais aussi l’image et l’art de vivre en France qui sont menacés.
À l’heure où l’on parle de relocalisations, Renault prévoit la fermeture de quatre usines : Flins, Dieppe, Choisy et Caudan… L’État voudrait-il même aider ce fleuron en péril qu’il ne le pourrait peut-être pas, avec les règles européennes de non-intervention pour soutenir des entreprises, au titre du dogme de la concurrence libre et non faussée.
Au train où vont les choses, le chômage en France pourrait doubler d’ici la fin de l’année, par rapport à ce qu’il était avant la pandémie. Pour éviter cela, il faudrait accélérer le déconfinement, rouvrir d’urgence tous les établissements, permettre de sauver la saison touristique, recréer vite un climat de confiance. Il faut que les Français retrouvent l’envie de vivre, sortir, consommer. Il en va de la survie de notre économie. Mais le gouvernement est-il encore capable de cela ? Les mensonges et dissimulations des semaines passées se paient aujourd’hui en termes d’emplois, au vu de la mollesse du redémarrage depuis deux semaines maintenant.
L’hécatombe ne fait hélas que commencer. Pour s’en sortir, il faudra autre chose que les plans d’aides improbables annoncés en grande pompe l’autre jour par Macron et Merkel, qui restent entièrement soumis à l’accord des 27 : autant dire que les entreprises en situation d’urgence absolue risquent d’attendre longtemps la bouée de sauvetage…
Olivier Piacentini
Source : http://ripostelaique.com
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