Sommet du G7 : théâtre d’ombres et pantomime
Le sommet du G7 qui vient de se tenir au Québec aura été l'occasion pour chacun de ses protagonistes de tenter d’apparaître vis-à-vis des opinions publiques des nations qu'ils dirigent comme maîtres d’un jeu de miroirs aux reflets trompeurs.
Pour Donald Trump, l'essentiel était de rester ferme sur ses décisions commerciales et stratégiques. Ne pas céder mais sans s’installer dans la rupture, deux attitudes qu’une partie de son électorat aurait pu lui reprocher à quelques mois des élections de mi-mandat.
Pour les Européens, l'enjeu principal était de feindre de faire bloc pour contrer les mesures américaines de hausse des tarifs douaniers et de rétorsion contre les entreprises susceptibles de continuer leurs échanges avec l’Iran malgré le diktat américain.
Pour le Premier ministre canadien Justin Trudeau, hôte de la réunion qualifié de « faible et malhonnête » par le leader américain, il s'agissait de faire bonne figure, entre solidarité d'intérêt face à Trump et crainte de voir ce dernier hausser le ton et froncer les sourcils.
Pour Emmanuel Macron, l'enjeu était d'incarner la résistance à l’hégémonie US en prenant le leadership (verbal…) de la révolte anti Trump.
Au final, dans ce théâtre d'ombres qu'est devenue la scène internationale où, sous couvert de multilatéralisme, aucune décision ne se prend en dehors des couloirs et du secret des apartés et des conciliabules d'antichambres, on chercherait vainement quelles raisons de se réjouir auraient les Européens à l'issue de ces deux journées des dupes
Trump aura tenu bon sans rompre, s’autorisant au passage, entre deux compliments surjoués à l'endroit de Macron, de Merkel et de Trudeau, à donner quelques leçons de diplomatie réaliste à ses collègues. Ainsi sa suggestion de réintégration de la Russie au sein d'un G8 reconstitué, proposition évidemment repoussée par la tartufferie européenne avant d’être reprise sous conditions pas un Président français tardivement conscient de sa bourde.
Macron, lui, aura joué jusqu’au bout les matamores, non sans éviter les humiliations répétées d'un Président américain qui sait que face aux 6 milliards de taxes décidées par les États Unis (sans compter la probable hausse des tarifs douaniers sur l'automobile), l'Europe n'envisage, en représailles, d'en instaurer au mieux qu'à hauteur de 2,5 milliards sur un marché aussi stratégique en Europe que l’importation de Harley Davidson et de beurre de cacahuète…
Le communiqué de clôture, finalement torpillé par Trump (ce qui constitue un ultime camouflet infligé par le Président américain depuis son avion Air Force One en vol vers Singapour où il doit rencontrer le chef de la Corée du Nord), texte pourtant modèle de compromis évasif, allusif et non contraignant destiné à ménager les apparences, en dit long sur la pantomime à laquelle, deux jours durant, se sont livrés les sept chefs d’État et de gouvernements réunis à la Malbaie avec, pour seul résultat, l'éventuelle et hasardeuse réforme de l'OMC et une déclaration de principes – frappée quelques heures plus tard d'obsolescence par la rebuffade américaine — sur le libre-échange qui se devra d'être à l'avenir « mutuellement avantageux ».
Un sommet ironiquement qualifié par Trump de « très grand succès »… Et par Vladimir Poutine de « babillages ».
Le Parti de la France considère que les relations internationales doivent sortir de l'impasse dans laquelle se sont enfermés les États en s'en remettant à des sommets inutiles et coûteux, mais ayant pour avantage aux yeux des mondialistes de préfigurer l’instauration d'un gouvernement planétaire.
L’Organisation des Nations Unies au sein de laquelle la France dispose encore (mais pour combien de temps ?) d'un siège permanent au conseil de sécurité, avec ses innombrables agences dédiées, ainsi que l'Organisation Mondiale du Commerce, structures institutionnelles aussi insatisfaisantes et idéologiquement contrôlées soient-elles, existent et suffiraient largement, au prix d'un fonctionnement et de règles corrigées, à la recherche concertée de la bonne marche des affaires du monde.
Ni G6 +1, ni G7, ni G8, ni G20 ! La politique internationale est un rapport de force qui se joue dans les relations bilatérales. Encore faut-il être en capacité de s'imposer. Les intérêts internationaux et économiques de la France, au-delà de sa diplomatie propre, de son rayonnement historique et de ses capacités militaires désormais uniques sur le vieux continent, passent par la construction d'une Europe de la puissance dans le respect des identités, des souverainetés et des libertés nationales, une Europe capable de discuter en position de force et de faire entendre sa voix, si possible en partenariat avec la Russie, face à la Chine, aux États-Unis et à la multitude de pays émergents aux ambitions économiques et géostratégiques de plus en plus aiguisées.
Jean-François Touzé - Membre du Bureau politique du Parti de la France
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