Bruno Bilde (FN) accusé de harcèlement homosexuel sur des assistants parlementaires

Les retombées de l'affaire Weinstein et #balancetonporc ont gagné les rangs du Front national. C'était en novembre dernier. Dans son édition dominicale, Libération rappelle que plusieurs anciens assistants parlementaires ont accusé l'élu du Pas-de-Calais Bruno Bilde de harcèlement sexuel. Surtout, évoque le quotidien, au sein du parti, on se serait livré à des techniques d'intimidation pour ne pas que l'affaire s'ébruite trop.
À 41 ans, Bruno Bilde est considéré comme l'un des incontournables du Front national, tout en restant l'une de ses figures discrètes. Il a été élu député en juin dernier, lors des élections législatives, et la politique coule dans ses veines, sa mère n'étant nul autre que l'eurodéputée Dominique Bilde. Le quadragénaire est également le "conseiller spécial" de Marine Le Pen depuis des années, précise Libération, après avoir été son chef de cabinet. Il est également proche de Steeve Briois, maire de la commune de Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, et secrétaire général du Front national.
"Commentaires graveleux" et "mains aux fesses"
Devant un tel personnage, difficile de ne pas être intimidé. Mais à l'automne 2017, deux anciens assistants parlementaires décident de briser le silence, bientôt rejoint par un troisième : ils accusent Bruno Bilde de harcèlement sexuel. France 5 réalise alors une enquête, diffusée dans l'émission "C Politique". Les deux hommes témoignent. "La première chose qu'il m'a dite [en septembre 2011] c'est : 'tu as un beau cul'. Pas bonjour, ni rien. Je ne l'avais jamais vu de ma vie, il ne savait même pas qui j'étais", raconte Alexandre dans le reportage à propos de Bruno Bilde, selon des propos cités par Libération. "Commentaires graveleux", "mains aux fesses", "ambiance lourdingue"... les ex-assistants parlementaires décrivent le même comportement. Le troisième jeune homme a pour sa part évoqué des "gestes répétés, des massages sous couvert de 'camaraderie'", écrit le quotidien. Il s'est toutefois toujours tu, ne souhaitant pas s'attirer les foudres de sa hiérarchie, dit-il.
Dans les colonnes de Libération, il est avancé que le Front national aurait vivement réagi à cette interview, certains membres du parti allant même jusqu'à faire pression sur l'une des victimes présumées. "Cette déclaration va faire plus de mal que de bien. Une tape sur le ventre, un massage d'épaules, ce n'est pas une catastrophe", lui aurait ainsi écrit un frontiste, cite le quotidien. Sur Twitter, une fiche de paie de la seconde victime présumée, du temps où il travaillait au Parlement européen, est même relayée, sans que quiconque puisse en connaître la provenance. "Tu gagnais 5 000 euros et tu connaissais ou tu aurais dû connaître les conditions avant d'accepter", est-il écrit en légende de la photo.
Bruno Bilde nie
De son côté, Bruno Bilde nie la totalité des accusations portées à son encontre. Selon les informations de Libération, le député estime que les accusateurs seraient des "philippotistes" qui cherchent à "se venger". Le premier est qualifié de "fou" et de "mythomane", le second d'"antisémite". Dans l'entourage du député, on répond que toutes ces accusations ne sont que des "mensonges", précise le quotidien. Celui-ci précise que les trois anciens assistants parlementaires ont sollicité les conseils d'un avocat et auraient commencé à "constituer un dossier". Toutefois, devant les pressions familiales, professionnelles, médiatiques, qu'un tel dossier pourrait déchaîner, les trois intéressés avouent avoir "un peu décroché".
L'un d'eux reconnaît qu'avec la naissance et l'ampleur du mouvement #balancetonporc, "il y a eu un emballement médiatique qui a permis à certains, dont nous, de parler car nous nous sentions moins seuls". Pour autant, il avoue être confronté à "la difficulté d'obtenir des témoignages de personnes qui pourraient nous appuyer et qui préfèrent se taire pour des raisons diverses et variées". Les preuves son minces, dit-il, et la bataille à engager promet d'être longue.
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