78,6 % de réussite au bac… et 50 % d’échec à l’université. Cherchez l’erreur !
Les résultats obtenus par les 699.400 candidats qui ont passé le bac cette année ont été publiés ce jeudi. Avec eux, les fameuses perles que nous attendons tous, réjouissances sadiques que les correcteurs balancent sur les réseaux sociaux et qui nous font pleurer de rire quand elles devraient plutôt nous arracher des larmes de consternation.
Hélas, devrais-je dire, le cru de cette année n’a pas démérité, et dans tout ce qu’il m’a été donné de lire aujourd’hui, j’ai singulièrement été frappée, au-delà des contresens et autres âneries, par l’ignorance du vocabulaire de base, source d’extravagances très « Royal », ce qu’on pourrait appeler le syndrome de la « bravitude ». Jugez-en :
– « Le bonheur est un sentiment d’heureusité. Chacun a la caricature de son heureusité, c’est personnel. L’heureusité est la clé du bonheur. »
– « Il faut sortir de l’obscurcisme. »
– « L’art est quelque chose de merveillance. »
– « L’œuvre de l’art peintural est le tableau. »
– « Le sujet pousse à nous réflexioner sur la notion de l’art. »
– « La culture permet à l’homme de sortir de l’animalerie. »
Etc.
53.300 candidats au bac ont aujourd’hui été recalés, ce qui constitue un taux de réussite de 78,6 % au premier tour, soit 1 point de moins qu’en 2016. Sachant que 96.500 sont déjà en route pour le rattrapage, on fera sans aucun doute comme les années précédentes : du repêchage en haute mer. Cette manœuvre, nommée « harmonisation » dans les hautes sphères du ministère, et qui consiste à récupérer tout ce qui traîne entre 7 et 10 de moyenne, permettra donc d’atteindre une fois encore ces records bidon qui précipitent sur les bancs de l’université des bataillons d’adolescents qui, pour moitié, ne franchiront jamais la première année…
En 2015 (derniers chiffres communiqués par le ministère), ils étaient ainsi 46,2 % à échouer au seuil de la première année, n’allant souvent même pas au-delà du premier trimestre. Tout comme les perles qui nous font tant rire, les données sont parlantes : « Plus d’un étudiant en licence sur quatre ne poursuit pas ses études et se réoriente pendant ou après sa première année universitaire. Pire, c’est près d’un tiers qui redouble sa première année. »
La moyenne est, aujourd’hui, de quatre années et demie pour décrocher la licence, et ce sont in fine 27,2 % des étudiants qui sortent du système universitaire sans rien. C’est 5 points de plus qu’en 2008, année où a été instauré le « réussir en licence »…
Le Premier ministre a annoncé cette semaine un projet de réforme du baccalauréat… pour 2021 ! Le mot de « sélection » étant comme un chiffon rouge au nez du taureau, on lui a trouvé un substitut : le ministre, et derrière lui les présidents d’université, souhaiterait que soient fixés des « prérequis » pour l’entrée dans le supérieur, histoire d’« enrayer la sélection par l’échec ». Des choses terribles, sans doute, comme la maîtrise des savoirs de base : lire, écrire, compter…
J’ai l’air d’exagérer, mais à peine. Et, bien sûr, les syndicats étudiants sont vent debout contre cette mesure d’élémentaire bon sens. Jeudi matin débattaient ainsi sur RTL Lilâ Le Bas, présidente de l’UNEF, et Frédéric Dardel, président de l’université Paris-Descartes (Sorbonne). Et quand l’un évoque la « nécessité » d’ajuster le niveau car « la capacité d’accueil est saturée », l’autre répond sans sourciller qu’il s’agit d’« empêcher les jeunes de réussir et d’accomplir leur projet professionnel » (sic). Et lorsque le journaliste lui demande s’il est normal qu’un jeune ne sachant pas nager puisse prétendre devenir prof de sport, elle répond : « Ce n’est pas un sujet. C’est à l’université de lui donner les moyens de réussir. »
C’est absurde. Pire : c’est criminel pour les centaines de milliers de jeunes qu’on envoie sciemment au casse-pipe, mais aucun gouvernement, jusqu’ici, n’a osé braver les idéologues de l’UNEF. Lesquels sont TOUS devenus les apparatchiks du PS… Et, soyons-en sûrs, là où, dans le rejeton de ce parti moribond, Mlle Lilâ Le Bas aura elle aussi sa place au chaud.
Marie Delarue
Source : http://www.bvoltaire.fr
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