Emmanuel Macron « ne renie pas sa dimension christique » !
L’argent peut rendre fou, la politique aussi. Mais la politique de l’argent, lorsque teintée de mysticisme, voilà qui a de quoi vous catapulter quelque part entre Sirius et Alpha du Centaure.
Ainsi, Emmanuel Macron, à l’occasion de l’entretien accordé au Journal du dimanche du 12 février dernier : « La politique, c’est une magie. Il faut définir le cœur de ce qu’on veut porter. » Et d’assurer : « C’est une erreur de penser que le programme est le cœur. » On lui connaissait déjà des tendances de télévangéliste ; il se prend désormais pour David Copperfield, capable d’escamoter un programme invisible tout en exhibant un cœur aux contours indéfinissables, ou quelque chose d’approchant. Prière de ne pas rire, s’il vous plaît, ce ne serait pas chrétien.
Délicat, néanmoins, de ne pas s’exploser les zygomatiques, sachant que dans la foulée, il affirme ne pas « chercher à un être un prédicateur christique ». Peut-être qu’il entend des voix – pas celles des urnes, mais celles de cette Jeanne d’Arc à laquelle il rendit naguère un hommage inattendu… Quoi qu’il en soit, Emmanuel Macron, manifestement branché sur courant triphasé et confondant à coup sûr extase et ecstasy, déclare : « La dimension christique, je ne la renie pas ; je ne la revendique pas. »
D’où un François Fillon, à la « dimension christique » peut-être moins évidente, malgré son Golgotha médiatique qui le traite de « gourou ». Ou un Jean-Luc Mélenchon qui, malgré un évident talent d’ubiquité christique – hologramme oblige -, appelle « à se méfier des champignons hallucinogènes qui poussent dans la jungle politique et la bulle médiatique ».
Bref, à défaut de multiplier pains et poissons, ce probable enfant caché d’un autre prophète – Raël, pour ne pas le nommer – accumule gaffes et sorties pataphysiques dans ses sermons.
Et Jean Pisani-Ferry, l’un de ses disciples – et peut-être lui aussi ancien élève de Brigitte Macron, professeur de français grâce à laquelle frère Emmanuel manie aujourd’hui les concepts linguistiques avec toute l’aisance d’un trapéziste manchot -, de révéler : « Début mars, Emmanuel Macron récapitulera ses propositions et les grands engagements sur lesquels il investira le capital politique conféré par l’élection. »
Banquier un jour, banquier toujours. « Investir le capital politique » ? C’est effectivement un talent évangélique que de s’exprimer en langues, à condition toutefois qu’au moins l’une d’entre elles soit intelligible par le commun. Lequel « capital » serait « conféré par l’élection »» ? Mais le calendrier, grégorien ou non, est formel : le premier tour est en avril et le second en mai. En mars, donc, il n’y aura pas encore d’élection. Ou alors cela pourrait signifier qu’Emmanuel Macron ne « récapitulera ses propositions » qu’une fois élu Président. Curieux timing.
Pour conclure, cette petite suggestion : la France en marche, c’est un peu mou du genou comme slogan de campagne. La France en marchant sur l’eau, voilà qui aurait véritablement une « dimension christique »… Sacré Manu, qui confond arcanes de l’Élysée et services psychiatriques de l’Hôtel-Dieu !
Nicolas Gauthier
Source : http://www.bvoltaire.fr
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