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Le blog politique de Thomas JOLY

Raz-de-marée « nationaliste » sur la Corse : on va rigoler ! (par Marie Delarue)

15 Décembre 2015, 07:22am

Publié par Thomas Joly

En ce lendemain d’élections, les figures des partis vainqueurs se regardent le nombril à la loupe. Font semblant de battre leur coulpe – « cette fois, promis juré craché par terre, nous avons entendu le message des électeurs » –, et demain recommenceront à fourbir leurs armes pour rafler des sièges : plouf, plouf ! ça sera toi qui l’aura… Fifty/fifty, pour faire un compte rond. La blonde peste brune est écartée, le FN terrassé jusqu’à la prochaine fois, j’irai danser sur vos tombes, etc.

Et puis il y a la Corse, l’île où les indépendantistes s’appellent « nationalistes ». Ce qui, sur le plan sémantique, est assez rigolo. On pourrait en effet penser que les nationalistes sont les Corses attachés à la nation, image de cette entité géographique qui borde la mer Méditerranée où ils trempent et à qui, autrefois, ils donnèrent un empereur. Excusez du peu. Eh bien non, en Corse, nationaliste = Corsen, autrement dit « corsissime ». La Corse aux Corses, tout pour les Corses et rien qu’aux Corses, la terre et l’emploi, et la préférence nationale – c’est-à-dire corse – sur le drapeau à tête de Maure.

Le plus fort est que les indépendantistes-nationalistes ont cette fois réussi à s’entendre, les modérés et les radicaux. Sont passés de 4 listes au premier tour à une seule au second. Ont remballé leurs pétoires, leurs bonbonnes de gaz et leurs pains de plastic pour faire cause et liste commune ce dimanche. Et « Pè a Corsica » l’a emporté sous la houlette de Gilles Simeoni, avec un programme que nos têtes chercheuses des rues de Vaugirard et Solferino feraient bien de méditer…

Leur politique : « La défense d’un peuple qui veut vivre digne sur sa terre, parler sa langue, simplement être debout… », et pour cela « prendre en main les clés de [son] destin économique », voilà la ligne définie au dernier meeting de campagne.

Ces gens-là ont de l’ambition. D’abord « poser les bases juridiques de l’autonomie de la Corse au sein de l’Europe », et défendre auprès de l’État « l’inscription de la Corse dans la Constitution pour pouvoir adapter les lois aux spécificités de l’île et obtenir un statut fiscal dérogatoire ». On ne rit pas. Dans leur viseur, la fameuse « coofficialité » votée par l’Assemblée de Corse en mai 2013 et dont Manuel Valls jurait ne pas vouloir.

« Depuis la loi portée par Lionel Jospin, la République a donné sa place à la langue corse et l’a reconnue. Mais il n’y a qu’une langue de la République, c’est le français. Il n’est pas concevable qu’il y ait sur une partie du territoire une deuxième langue officielle », avait fulminé le Premier ministre en visite sur l’île. Il pensait l’affaire close. Que nenni, elle lui revient en boomerang avec d’autres doléances, dont celle d’une « plus grande autonomie législative, notamment dans les domaines fonciers et de la fiscalité ». Vous me direz que ça ne changerait pas grand-chose vu que les Corses constituent déjà à ce propos des exceptions tout à fait exceptionnelles…

Enfin, horresco referens, la nouvelle Assemblée de Corse veut imposer en tout la « préférence nationale », c’est-à-dire la préférence corse sur l’emploi, le logement, l’investissement, etc.
C’est bien simple, on dirait qu’ils ont piqué le programme du FN ! On va rigoler…

« Nous n’avons pas le droit de reconduire ceux qui ont échoué », a dit le chef de file de Pè a Corsica. Et lui, les électeurs l’ont écouté.

Source : http://www.bvoltaire.fr

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