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Le blog politique de Thomas JOLY

Et si c’était la fin de l’emploi ? (par Marie Delarue)

12 Décembre 2015, 18:43pm

Publié par Thomas Joly

Délocalisation, fonctionnarisation pléthorique, 35 heures, redistribution à gogo… Voilà les choix économiques et sociaux dont nous sommes en train de crever. Chiffres de l’Insee à l’appui, il apparaît en effet que, sur les 14 dernières années, on n’a pas créé un seul emploi marchand en France ! On se pince en l’entendant, mais la réalité est bien là, exposée par François Lenglet dans sa rubrique matinale (Lengletco, RTL). 

On appelle « emplois marchands » ceux créés par les entreprises privées et qui sont, de fait, « le vrai indicateur de la vitalité de l’économie française ». Et donc, si l’on en croit l’Insee, la France compte actuellement 15,848 millions d’emplois marchands, soit exactement le chiffre atteint au 4e trimestre de l’année 2001. Or notre pays a vu durant le même temps sa population s’accroître de 5 millions d’habitants, passant de 61 à 66. Ce que nous avons « fabriqué », durant ces quatorze années ? D’abord « des chômeurs (ils sont bien plus nombreux qu’à l’époque), des retraités (ils sont aussi davantage qu’en 2001) et des fonctionnaires et des travailleurs du secteur de la santé, travailleurs sociaux du secteur associatif (ceux-là sont presque 900.000 de plus qu’en 2001) ». Et quel est le dénominateur commun de toutes ces catégories sociales : à leur corps défendant ou non, « tous vivent non pas de la production de richesses, mais pour l’essentiel de la redistribution. »

Ajoutons à cela que dans le même temps la France a délocalisé massivement ses emplois, perdu par le passage à l’euro le bénéfice qu’elle avait tiré des dévaluations massives du franc (3 sous Mitterrand), que le passage aux 35 heures au moment même où la courbe de l’emploi s’infléchissait a plombé toute compétitivité, et l’on comprend aisément pourquoi, la crise venant en sus, nous croulons depuis une décennie sous l’impôt et la dette !

Le PIB français s’est effondré (40 % de croissance entre 1987 et 2001, 15 % par la suite) quant au chômage, il ne cesse de grimper : +1,2 % au dernier trimestre pour atteindre 3,5 millions de personnes selon le chiffre officiel, et 6 millions si l’on compte tous ceux qu’on écarte artificiellement. Parmi eux, près de 2,5 millions sont déjà « chômeurs de longue durée ». C’est pourquoi l’Assemblée a adopté massivement, ce 9 décembre, une initiative louable à court terme mais qui ne peut être qu’un cautère de plus sur nos jambes de bois vermoulues. Il s’agit d’expérimenter des « territoires zéro chômage de longue durée », soit réaffecter les dépenses aujourd’hui consacrées au RSA et aux aides sociales vers un fonds qui, en lieu et place de celles-ci, financerait des emplois au SMIC et en CDI « dans l’économie sociale et solidaire », nous dit le projet de loi.

Je veux bien croire au Père Noël puisque c’est la saison, mais cette proposition n’est évidemment qu’un artifice économique de plus pour déguiser des emplois aidés. Donc, une fois encore, la « redistribution » qui ne nous sort pas du marasme mais nous y enfonce davantage à chaque minute qui passe, via la dette qui, seule, peut la financer.

Il faut arrêter de se boucher les yeux. Qu’on ne se leurre pas : le rêve du plein emploi est à ranger aux oubliettes et peut-être faut-il même se préparer à un autre avenir : celui où l’emploi sera carrément un privilège réservé à quelques happy few. Des gens qui « s’éclateront » dans des métiers de plus en plus pointus, créatifs… Et qui paieront (cher) leur place privilégiée en finançant pour tous les autres un seul et unique revenu, du berceau à la tombe. La chose est déjà à l’étude : le gouvernement finlandais envisage ainsi de « verser à chaque citoyen un revenu de base de 800 euros, sans considération de richesse ni d’âge. En contrepartie, toutes les prestations sociales seront supprimées ».

Un cauchemar, pensez-vous, un mauvais film de SF ? Non, probablement une réalité vers laquelle on s’achemine à grand pas.

Source : http://www.bvoltaire.fr

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