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Le blog politique de Thomas JOLY

Immigration du désespoir : pourquoi ils ne feront rien (par Marie Delarue)

23 Avril 2015, 06:06am

Publié par Thomas Joly

Pour un long temps encore, la Méditerranée, c’est sûr, va continuer d’avaler les naufragés par milliers, se transformant en chaussée mortifère et symbolique reliant les continents du désespoir à notre vieille Europe.

On va continuer, à chaque rafiot qui envoie par le fond sa cargaison d’esclaves, à se tordre les mains et à pousser des cris. On rassemblera sur l’esplanade du Trocadéro des chaisières en pleurs, des Trierweiler en manque de notoriété ou des Bruni entre deux chansons, et puis le Président retournera à ses shows télévisés pour parler de ses cravates et capitaliser des voix – du moins l’espère-t-il – pour sa future réélection. Mais il ne prendra aucune véritable mesure, pas plus lui que ses voisins, d’ailleurs. Ils feront dire trois offices – à l’église, à la synagogue et à la mosquée – pour le repos des noyés et s’en retourneront à leurs petites magouilles en pensant : « Encore un mandat, monsieur le bourreau… »

Le commissaire européen, Dimítris Avramópoulos, chargé de l’épineuse question des migrants qui se ruent à nos frontières, a concocté un plan d’action en dix points. Nos dirigeants qui vont se réunir jeudi à Bruxelles vont faire semblant d’y réfléchir. Ils vont créer des commissions, puis des sous-commissions, en attendant mieux. C’est-à-dire pire.

La voix de la raison nous vient des antipodes. Du Premier ministre australien Tony Abbott. Le bonhomme n’y va pas par quatre chemins : « Le seul moyen d’empêcher ces tragédies est de mettre fin [à l’arrivée] des bateaux », dit-il. Et c’est ce qu’il a fait chez lui. « Il est urgent que les Européens adoptent une politique très ferme qui puisse mettre fin au trafic d’êtres humains en Méditerranée. » C’est ce qu’il pense. Nous aussi, d’ailleurs, mais nos dirigeants n’en ont pas assez dans le pantalon pour vouloir s’y risquer.

C’est que le simple énoncé de la politique australienne leur est insupportable. Pensez : arrivé au pouvoir en septembre 2013, le gouvernement conservateur (quel vilain mot !) de M. Abbott a lancé avec l’aide de l’armée l’opération « Frontières souveraines ». Rien que ça ! Vous imaginez le tollé chez nous, qui ne voulons ni frontières, ni souveraineté ? C’est pourtant simple, simpliste même, diront certains : « Les bâtiments de la marine interceptent les bateaux transportant des migrants et les renvoient vers leur point de transit, souvent l’Indonésie », détaille Le Point.

Quant aux demandeurs d’asile qui arrivent jusqu’aux côtes australiennes, ils sont envoyés dans « des camps de rétention sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée ou sur l’île de Nauru, dans l’océan Pacifique ». Un peu comme si on les envoyait patienter dans les Kergelen. Et patienter est encore un mot de trop, car « même si leur demande d’asile est considérée comme légitime après instruction de leur dossier, Canberra ne les autorise pas à s’installer en Australie ». Conclusion : « La seule option qui s’offre à eux est le retour dans leur pays, la vie dans les camps de rétention dans les îles ou au Cambodge, pays pauvre avec lequel l’Australie a conclu un accord. »

Mais c’est épouvantable ! Scandaleux ! Inhumain !

D’ailleurs, l’Australie a, contre elle, tous les défenseurs des droits de l’homme, ONU en tête, qui n’a pas hésité à « condamner Canberra ». Oui, mais, voilà : c’est efficace.

Sous le gouvernement précédent, certes beaucoup plus humain, « les arrivées étaient quasi quotidiennes et 1.200 réfugiés avaient péri » en approchant des côtes. Depuis 18 mois que M. Abbott a pris ces affreuses mesures, aucun immigrant n’est mort en mer. Du moins pas qu’on sache. Et ça, ça plaît aux Australiens, alors…

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