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Le blog politique de Thomas JOLY

Fin du repos dominical : les longs dimanches d’agonie… (par Aristide Leucate)

10 Décembre 2014, 09:17am

Publié par Thomas Joly

Dès le mois d’octobre, par un tweet, le ministre de l’Économie Emmanuel Macron avait prévenu : « Il faut simplifier le travail le dimanche et en soirée à trois conditions : volontariat, accord majoritaire et compensation de salaire. » Ce mercredi, cette mesure sera présentée en Conseil des ministres. Elle est comprise dans un projet de loi plus vaste embrassant, notamment, la fin des monopoles des professions réglementées (notaires, huissiers, pharmaciens, dentistes, etc.). Ou comment faire sauter les dernières digues protectrices contre les vents violents de la mondialisation.

Décidément, rien ne ressemble plus à un ministre socialiste qu’un autre ministre UMP, voire un cadre dirigeant du MEDEF. Interchangeables à volonté, les mêmes, inconscients de la monstruosité de leurs connivences idéologiques, ne cessent de hurler haro sur le baudet populiste quand on prétend, à bon droit, les jeter dans le même sac d’opprobre « UMPS ». Tendre ainsi les verges pour se faire battre confinerait-il au crétinisme épais ou à la tartufferie la plus saumâtre ?

Poser la question revient à y répondre, tant il est constant que cela fait bien longtemps que la gauche a trahi le peuple en même temps qu’elle a abandonné le socialisme, comme l’a récemment rappelé Jean-Claude Michéa dans son roboratif échange épistolaire avec Jacques Julliard (La Gauche et le peuple, Flammarion, 2014). En finir avec le repos dominical n’est pas une idée neuve. Déjà Napoléon, poursuivant l’œuvre entreprise sous la Terreur, ne souhaitait pas, contre l’avis de ses légistes, imposer un jour obligatoire de repos, sauf « aux fonctionnaires publics et agents salariés du gouvernement ». Rétabli sous la Restauration, il sera à nouveau supprimé par les républicains anticléricaux en 1880 (malgré la bronca des parlementaires royalistes et quelques solides opposants comme Victor Hugo, Jules Simon ou Victor Schœlcher), pour finalement réapparaître avec la loi du 13 juillet 1906, après des années d’âpres débats, sous l’influence notable des catholiques sociaux.

Issus des révolutionnaires hostiles à « l’oisiveté » de l’ouvrier et à tout ce qui, de près ou de loin, les rapproche de la lointaine tradition catholique, nos a-nationaux-socialistes modernes communient désormais avec la haute bourgeoisie d’argent dans le culte du libéralisme où les individus, dépersonnifiés, sont ravalés au rang de monades hédonistes mus pas l’instinct de consommation le plus vil. Après l’antique culte du Veau d’or, celui du « divin marché » (selon l’expression de Dany-Robert Dufour), sous les auspices procéduraux du Droit pour tous (et donc contre tous).

Défendre le repos dominical va bien plus loin que la vulgate simpliste de se retrouver en famille, entre amis ou pour vaquer à ses loisirs. Dans sa dimension anthropologique – pourquoi pas éclairée par notre longue mémoire spirituelle –, ce combat nous rappelle que l’homme est avant tout un animal social répondant à des stimuli autres que ceux de la troisième fonction dumézilienne du ventre et du bas-ventre.

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