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Le blog politique de Thomas JOLY

Hollande, ou l’art de (mal) parler pour ne rien dire (par Marie Delarue)

28 Mai 2014, 08:41am

Publié par Thomas Joly

François Hollande a donc parlé. Il paraît que ses conseillers voulaient l’en dissuader, mais François Hollande n’écoute pas ses conseillers. Comme le rapporte l’un d’eux : « Ah, mais il l’avait décidé, donc c’est comme ça… » Et pour une fois qu’il décidait vraiment quelque chose, hein, on n’allait pas l’en priver.

Rien, donc, dans cette allocution sur fond de reliures, le nez sur le prompteur et les mimines qui tapotent sur le sous-main couleur fauve du président Coty.

C’était quoi, au fait, ce décor à l’encaustique : un clin d’œil subliminal à la France de Léon Blum pour nous rappeler les dangers de l’extrême droite ?

Du vide, du creux. Du aujourd’hui comme hier et bien moins que demain, pour que tout change, ne changeons rien, etc., ad libitum. Ce qu’on en a retenu ? Un lapsus : « C’est vrai, partout, les partis européens progressent. Mais c’est en France, pays fondateur de l’Union européenne, patrie des droits de l’homme, pays des libertés, que l’extrême droite arrive aussi largement en tête. » Magnifique, sauf que ce n’est pas un lapsus puisque le discours était écrit ainsi. Et qu’il l’a lu bêtement, rangeant le Front national, le UKIP et tous leurs camarades dans les rangs des « partis européens » quand ils sont fondamentalement « anti ».

Mais le plus rigolo peut-être, dans cet océan d’ennui que distille notre chef de l’État, c’est son goût pour la répétition. Les psys y trouveraient sans doute une explication : d’un caractère velléitaire, moins le Président agit, plus il cause…

François Hollande en campagne nous avait déjà snobé avec ses anaphores : « Moi président, je… » Une vraie litanie, et les Français avaient eu la bêtise de croire en ses coups de menton redondants. Cette fois, il nous a rebattu les oreilles avec ses doubles sujets :

« Ce vote, il est… »
« L’Europe, elle ne peut… »
« L’avenir de la France, il est… »
« L’Europe, elle a réussi … »
« L’Europe, elle est … »
« L’Europe, elle doit… »
« L’Europe, elle doit… » (bis)
« Depuis dix ans, la France, elle a… »
« Cette ligne de conduite, elle ne peut… »
« Le rassemblement, il est… »

Un conseil, Monsieur le Président : sujet-verbe-complément, c’est encore ce qu’il y a de mieux pour définir l’action. À condition d’agir, bien sûr.

Mais vous allez rire. Savez-vous comme s’appelle cette figure de style où « le sujet nominal est repris par un pronom clitique », comme disent les grammairiens ? Elle porte un nom, en effet : c’est « la dislocation à gauche ». Prophétique, non ?

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